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Alyam ! Alyam ! (Ô les jours)

Synopsis

Abdelwahed, jeune fellah, rêve d’opulence et se heurte à la tradition. Halima, sa mère, personnage d’une force exemplaire, redoute malgré tout de voir partir en France son fils aîné, chef de famille depuis la mort du père... Les longues discussions avec sa mère et son grand-père ne parviennent toujours pas à le faire changer d’avis. Il demeure convaincu de l’imminence de son départ. Pourtant, le permis de travail n’arrive pas... La vie paysanne au Maroc, avec sa lenteur, ses travaux et ses longues journées continue.

Thèmes : Société maghrebine

Réalisateur(s) : El Maânouni, Ahmed

Pays de production : Maroc

Type : Long métrage

Genre : Docufiction

Edition du festival : Maghreb des films novembre 2010

Année 1978 / 80’

Scénario et image Ahmed El Maânouni

Son Ricardo Castro

Musique Nass El Ghiwane

Montage Martine Chicot

Production Rabii Films Productions

Avec Ben Brahim

Commentaires de Marion Pasquier
Alyam ! Alyam ! (Ô les jours), d’Ahmed el-Maânouni, date de 1978. Premier film marocain en sélection officielle à Cannes, il raconte l’histoire du jeune fellah Abdelwahad qui, pour fuir la misère sévissant dans la campagne où il est né, a demandé des papiers pour émigrer en France. En attendant de les recevoir, il exprime, en off, les espoirs qu’il nourrit quant à son avenir sur une terre qu’il croit plus clémente. La France, à coup sûr, lui permettra de gagner suffisamment d’argent pour rentrer au pays s’installer confortablement. Abdelwahad doit convaincre sa mère, qui désapprouve un tel départ : seule depuis la mort de son mari, et ayant en charge sept enfants, elle a besoin que son fils reste près d’elle. Selon elle, il faut travailler dur et attendre la récompense divine. Abdelwahad ne semble plus croire à cette dernière. Son pragmatisme, pourtant, tarde à obtenir satisfaction. Les papiers, en effet, n’arrivent pas...

L’histoire de ce jeune homme est moins l’objet central du film que le fil conducteur permettant de dépeindre le quotidien dans cette campagne marocaine. La vie ici n’est pas facile : la terre est ingrate, les hommes ne cessent de travailler aux champs et restent pauvres. Mais par delà les difficultés, Ahmed El Maânouni met en évidence la beauté des gestes accompagnant les travaux agricoles. Ici, tout s’effectue avec lenteur. De même, le cinéaste prend le temps de laisser les actes se déployer sous nos yeux : faucher les champs, ramasser des oignons, s’occuper des bêtes, faire du pain, pétrir la semoule, verser du thé... sont autant de moments qui fascinent par la noblesse qui s’en dégage. L’authenticité est au centre du film, qui nous plonge dans l’univers rural qu’il dépeint, auprès des êtres, de leurs actes et de la nature qui les entoure. Diverses échelles de plans sont utilisées. (Très) gros plans sur des détails (une main, une théière), plans larges montrant l’interaction des personnages dans les décors, plans moyens lorsqu’ils parlent (notamment lors des discussions récurrentes entre Abdelwahad, sa mère et son grand père)... Cette variation des échelles donne l’impression que le cinéaste tente d’approcher les êtres, d’en faire le tour, pour rendre compte de ce qu’ils sont du mieux qu’il peut. La présence de la caméra est palpable : de ses travellings latéraux à ses longs plans fixes, de ses mouvements d’approche et de recul, on la sent en alerte, en recherche, de l’angle approprié, du mouvement à adopter pour capter du mieux possible ce qui se joue. La coexistence du documentaire et de la fiction dans Alyam ! Alyam ! est des plus intéressantes, car ce qui se dégage de ces deux dimensions tend à se contredire. Tandis que le récit d’Abdelwahad fait de cette campagne marocaine un lieu à fuir, le regard qu’Ahmed El Maânouni porte sur ce qu’il filme est à tel point empreint de respect, voire d’amour, qu’il finit par le rendre aimable.

Extrait de Critikat

A propos…
Dans Alyam Alyam, nous sommes pour la première fois à l’écoute de la voix et de l’expression de familles paysannes marocaines. La vérité des protagonistes et leur discours profondément enraciné dans la culture de terroir à l’humour virulent marquent le film d’une émouvante authenticité.

- Sélection officielle, Festival de Cannes
- Grand Prix, Festival de Mannheim, Allemagne
- Primé au Festival de Carthage, JCC, Tunisie
- Primé au Festival de Ouagadougou
- Primé au Festival de Taormina