Année : 2006
Durée : 88’
Scénario : Mahmoud Zemmouri et Marie-Laurence Attias
Photographie : François Lartigue
Musique : Franck Lebon, Ahmed Hamadi, Kada Mustapha
Montage : Youcef Tobni
Décors : Yorgo Hatziathanassiou
Production : Fennec Productions
Distributeur : Zelig Films Distribution
Avec : Yasmine Belmadi, Karim Bléchard, Julien Courbey, Nozay Khouadra, Fatima Hellilou, Abdallah Bouzida...
Article de Samir Ardjoum
Dans Beur blanc rouge, Mahmoud Zemmourinarre les pérégrinations d’un français d’origine algérienne qui se retrouve déséquilibré par une situation sociale qui défavorise depuis trop longtemps les enfants issus de l’émigration. L’auteur a la bonne idée de ne pas brouiller les pistes et de tout ramener à son personnage principal. Chaque situation découle de ce pivot central, approfondissant les nombreuses thématiques voulues par le cinéaste. Brahim tente de séduire une jeune beurette prénommée Wassila. Vivant seule dans son appartement parisien, Wassila a coupé le cordon avec sa famille pour ne pas étouffer sous le poids d’un traditionnalisme exacerbé car bon nombre de jeunes femmes d’origines maghrébines appliquent ce choix de vie pour sentir ce goût de l’indépendance. Autre exemple de la pertinence de Zemmouri : Mouloud, l’ami fidèle de Brahim décide d’aller de l’avant en acceptant de ne plus tenir le lampadaire du quartier. Travailler dans la plomberie n’est certes pas reluisant mais cela lui permet de se projeter dans l’avenir, de vivre pleinement sa vie de Français. Au contraire de Brahim qui revendique à tout bout de champ ses origines algériennes, Mouloud se sert de cette double culture pour abattre les arbres de l’intolérance.
Par le biais de ses personnages secondaires, Zemmourioriente son film vers les contradictions que subissent ces "enfants du pays". On est en droit de s’interroger sur l’attitude nonchalante de Brahim, sur le débordement des supporters de l’équipe d’Algérie (majoritairement des beurs) durant le match France/Algérie et sur la bêtise des parents de Brahim de vouloir emmener leur fils en Algérie pour qu’il apprenne la rigueur et l’honneur. Zemmouri nous rappelle (et il sait s’y prendre) que toutes ces contradictions sont le reflet d’un déséquilibre de l’administration française, d’une amnésie de la période coloniale qui enfonce le clou. Se voiler la face, faire l’amalgame entre une religion (l’islam) et son côté obscur (l’intégrisme), rejeter l’intelligence des jeunes Français française beur blanc rouge et surtout les amener à quitter leur pays de naissance ne peut qu’engendrer un ras-le-bol dévastateur.
L’identité étant le thème universel par excellence, les nombreuses interrogations du cinéaste peuvent être perçues par n’importe quel spectateur quelle que soit son origine. Une vraie comédie sociale qui a le mérite de remettre les pendules à l’heure !