Année : 2010
Durée : 90’
Scénario : Isabelle Clarke et Daniel Costelle
Voix : Saïd Taghmaoui
Montage : Kevin Accart
Musique : Léon Rousseau
Production : CC&C
Édition vidéo et distribution internationale : France Télévisions Distribution
Pourquoi le gouvernement français les a-t-il désarmés et abandonnés ? Pourquoi seulement 50 000 à 60 000 ex-harkis ont-ils été rapatriés en France avec leur famille ? Pourquoi ont-ils été placés pour la plupart dans des camps de triste mémoire comme Rivesaltes, rendant leur intégration difficile ? Victimes et fidèles serviteurs pour les uns, traîtres et collabos pour les autres, nous suivons plusieurs harkis aux destins souvent tragiques pour mieux comprendre cette histoire qui reste une vraie blessure des deux côtés de la Méditerranée, dans l’histoire de la France et de l’Algérie.
Traîtres ou héros de la nation ? Engagés ou enrôlés ? Comment ont-ils vécu les années de guerre ? Au moment de l’indépendance, quel sort leur a été réservé ?...
"La composition du documentaire n’est pas qu’honnête ; elle est, je dirais, presque lumineuse car il y a de l’intelligibilité, de la force, de l’âme, de la conviction. Tout d’un coup, cette histoire complexe se comprend, se saisit." Jean-Jacques Jordi, historien.
Extrait d’un article AFP
De rares fictions ont raconté le destin de harkis mais aucun documentaire n’avait retracé l’histoire des 200.000 "supplétifs musulmans" recrutés par la France pendant la guerre d’Algérie. France 3 s’y est enfin attelé et livre un film poignant qui évite tout misérabilisme.Trois ans de recherche d’images d’archives en France, en Egypte et en Tunisie, de collecte de témoignages d’ex-harkis et militaires français, et, côté algérien, le black-out : "La blessure : la tragédie des harkis" a été accouché dans la douleur, raconte à l’AFP Isabelle Clarke. "Ça a été très compliqué aussi de trouver la justesse" pour traiter de ce sujet ultra-complexe sans "tomber dans le manichéisme".
La France était là depuis 130 ans. Les harkis étaient des terriens. On leur a donné un fusil pour défendre leur terre contre un ennemi qu’on ne nomme pas, à manger... : pour la plupart, c’était une évidence", souligne Isabelle Clarke. Et ceux qui furent qualifiés de "traîtres" n’avaient, surtout, pas d’autre choix. Recueillir leurs témoignages a été "un long travail de mise en confiance", dit la réalisatrice : "Ils ont été très courageux de parler. On sent en eux un profond désir de réconciliation et de retour au pays. Certains reçoivent encore des coups de fils anonymes !". "Je souhaiterais que ce film soit diffusé aussi en Algérie", commente-t-elle. Là-bas, le sujet est tabou car, comme le souligne l’historien Benjamin Stora, le problème harki "touche la question de l’identité nationale algérienne", fondée sur une "mythologie résistantialiste", comme dans la France d’après la Seconde guerre mondiale.Les harkis sont ainsi "considérés comme ceux qui ont fissuré l’identité de la nation", poursuit-il. D’où l’importance d’entendre leur voix."
Sélections
Festival du film d’histoire de Pessac 2010.