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Bons baisers de la Goulette

Synopsis

Qui sont les Juifs venus de Tunisie ? Comment ont-ils vécu là-bas ? Pourquoi sont-ils venus en France ? Loin des clichés qui ont fait leur succès au cinéma, Ruth, Isaac, Guy, Alain, Charles et quelques autres racontent leur histoire à travers leurs souvenirs.

On les appelle les « Juifs tunes » à Paris, ils ont investi les quartiers de Belleville, du Sentier et du Faubourg-Montmartre. Pourtant, leur vie n’a pas commencé ici ; elle a pris racine de l’autre côté de la Méditerranée, en Tunisie. Ceux que la réalisatrice a rencontrés à Paris racontent la nostalgie d’un paradis perdu. Ils se souviennent, idéalisent parfois leurs 20 ans passés au bord de la mer dans le quartier de la Goulette, à Tunis, la douceur de vivre bercée par l’odeur du jasmin. Des souvenirs qui constituent un véritable ciment entre ces exilés depuis toujours attachés à la France.

Réalisateur(s) : Cariès, Lucie

Pays de production : Tunisie , France

Type : Long métrage

Genre : Documentaire

Edition du festival : Maghreb des films octobre 2009

Année : 2007

Durée : 52’

Scénario : Lucie Cariès

Production : Amélie Juan avec la participation de France 5

Le documentaire de Lucie Cariès est émaillé d’extraits du téléfilm "Villa Jasmin". Une adaptation d’un roman de Serge Moati réalisée par Férid Boughedir. Dans ce livre, l’animateur de Ripostes revient sur les heures noires de l’Occupation en Tunisie, à travers le destin de son père, qui fut déporté.

« Ce documentaire de Lucie Cariès explore l’histoire de la communauté juive de Tunisie, finalement assez méconnue. Il explore avec finesse les sources de la diaspora, l’enracinement de cette communauté de l’autre côté de la Méditerranée et les raisons complexes qui la poussèrent à l’exil. Les juifs tunisiens , qui partirent massivement à la fin des années 60, des odeurs de jasmin plein la tête. » Jean-Baptiste Gournay pour TéléOBS

La présence des Juifs en Tunisie remonte à plus de 2 000 ans. Ils vivaient au côté des musulmans, s’habillaient comme des Orientaux, parlaient judéo-arabe. Longtemps, ils constituent une communauté pauvre, un peu à part. Au XIXe siècle, ils évoluent dans leur quartier, séparés mais aussi protégés. Pourtant, en Tunisie, les différentes communautés — musulmane, italienne, juive et française — ont vécu en bonne intelligence. L’arrivée des Français transforme l’économie du pays et fait marcher l’ascenseur social. Une élite juive s’installe alors peu à peu. D’un autre côté, l’appauvrissement de nombreux Tunisiens fait naître un sentiment nationaliste. Puis arrivent les heures sombres de la guerre, 3 000 Juifs tunisiens sont déportés, leurs biens confisqués. Mais, après la Libération, ils décident de tirer un trait sur Vichy et demeurent attachés aux valeurs de la France, qui leur a déjà tant donné. La première rupture arrive en 1956 au moment de l’indépendance : la Tunisie devient officiellement un Etat arabe islamique, les Juifs perdent leurs repères, ne maîtrisent pas assez l’arabe. C’est alors qu’ils se tournent vers la France et partent avec les colons.
Au total, ils sont 55 000 à s’installer dans l’Hexagone, où la communauté se reconstitue. Entre-temps, leur regard s’est aussi porté vers le nouvel Etat d’Israël, 5 000 s’y installent. Ils vont vivre avec lui les soubresauts de l’histoire du Moyen-Orient, assister à la radicalisation de certains musulmans et à la montée de l’antisionisme du monde arabe, notamment à partir de la guerre des Six-Jours, en 1967. Autrefois 100 000, il ne reste aujourd’hui que 1 200 Juifs en Tunisie, beaucoup reviennent chaque année dans ce pays qu’ils n’ont jamais vraiment quitté.

Valentine Ponsy