Année : 2014
Durée : 75’
Scénario : Nathalie Nambot et Maki Berchache
Image : Nicolas Rey
Montage : Gilda Fine
Production : Les films du bilboquet
Distribution du film en France : Les Films de L’Atalante
Avec : Maki Berchache, Saidi Shaharedin, Shadi Al Fawaghra, Mahmoud El Saleh, Badreddine Nobig, Selim Sohbani, Nathalie Nambot et la famille Berchache
Maki m’a dit un jour : « Il n’y a que l’histoire des grands qui s’écrit, nous on n’existe pas ». Ça a été notre point d’ancrage. Un écho aussi avec mon histoire. C’est un film d’après-coup, comment revenir sur des événements tellement commentés par l’actualité. Comment faire en sorte que les premiers concernés prennent la parole, puissent revenir sur leur propre expérience... s’offrir ce temps-là, de la pensée, choisir ce qu’on veut dire, ne pas dire… une forme d’égalité… bien sûr, c’est pas simple, parce que ça fabrique des nouvelles contraintes, c’est moins direct, et surtout il y a le temps du désaccord, des questions, des refus. Mais faire ce film ensemble, c’était tenter de tenir cette promesse-là. Avant tout.
La structure est faite d’allers-retours entre Paris et la Tunisie – un village, près de la mer. Cette construction s’est-elle imposée dès l’écriture ou plus tard, au montage ?
Maki : C’était un peu... comment le pays rêvé devient le pays quitté…
Nathalie : Entre l’horizon infini des images de Tunisie que je voyais sur skype et le monde vertical des immeubles vu de la fenêtre de la Cité Lanoue à Bagnolet où Maki vivait, il y avait une tension. Maki se tenait au croisement de ces lignes de force. Le film se construit avec ces lignes primaires. Une grammaire de l’exil.
Maki : On a fait des allers-retours. Une fois, je suis rentré seul à Grebis, j’ai enregistré le récit de mon ami Shaharedin qui est tout au début du film. On a pris le même bateau… deux ans et demi après, en 10 minutes presque sans s’arrêter, il m’a tout raconté, il se rappelait tout par cœur… c’est lui qui refait la traversée pour nous, mais lui, il choisit de rentrer au bled, moi je reste…
Nathalie : Des mois plus tard nous avons filmé le petit port du départ pour accueillir cette parole, parce qu’il n’y avait pas d’image… le film fonctionne comme ça, à partir de l’histoire de Maki, de ses proches, nous bâtissons une structure, trouvons un cadre… il est l’auteur, je suis le passeur, on peut voir ça comme ça. Nous avons traversé avec lui ce moment où on est au bord de perdre ce qu’on aime, ce à quoi on tient et où le sens de vivre se défait. On peut alors sombrer sans retour. Sans se le dire, le film, notre lien, a sans doute aidé à tenir le fil entre les deux mondes. Arriver, en ayant risqué sa vie, dans un pays qui vous rejette, c’est brutal. Repartir ne peut être que définitif. Pour ces jeunes gens, obtenir un visa même temporaire reste impossible. Pour circuler, libre, il faut avoir les papiers. Le film gravite autour de cette question, et aussi l’attachement, le passé, la maison, le travail avec les touristes.
Revue de Presse
En 2011, grâce à la révolution qui renverse Ben Ali, ils réussissent à quitter leur patrie mal-aimée, mal-aimante, où l’avenir leur est confisqué. Mais pour ces jeunes Tunisiens, la France, pays d’adoption pas si tendre exigeant des papiers de toutes sortes pour le moindre droit, sera finalement moins aimée encore que leur terre d’origine... C’est le constat désabusé que ce documentaire livre comme un cri du coeur. Le seul espoir, dit un jeune homme, est désormais dans la religion, la foi. Cela mériterait une discussion, qui, hélas, fait défaut. Mais, sur l’écran, l’amertume se raconte à travers une belle délicatesse cinématographique, des images qui disent le sentiment par-delà le ressentiment. — Frédéric Straus _ TELERAMA
« Brûle la mer », poésie migrante (LIBÉRATION)
Festivals
FID Marseille, France (Prix des Rencontres cinématographiques de Cerbère-Portbou/ Mention Spéciale Prix Institut Français de la Critique en ligne)
DOCLISBOA, Portugal
FREEZONE festival, Belgrade, Serbie
ALTERNATIVA Barcelona, Espagne (Mention Spéciale Prix du Long métrage)
CRITIC’S WEEK Berlin, Allemagne
MOMA DOCFORTNIGHT2015, New York, Etats Unis
IBAFF Murcia, Espagne
CROSSING EUROPE, Linz, Autriche
OLHAR DE CINEMA, Curitiba, Brésil (Prix Hors Piste)
SOLE E LUNA DocFilm Festival, Palerme, Italie
IMAGES CONTRE NATURE 2015 Festival international de vidéo expérimentale, Marseille
MARFICI, Mar de Plata, Argentine
CINEMIGRANTE, Buenos Aires, Argentine
SALINADOC FEST, Italie
AFRICAN DIASPORA CINEMA, Cologne, Allemagne
FESTIFREAK, Mar del Plata, Argentine
FESTIVAL CINEMA ET SCIENCE “A NOUS DE VOIR”, Lyon, France
JOURNEES CINEMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE, Tunis, Tunisie
SCHMALFILMTAGE, Dresden, Allemagne
MITTELMEERFILMTAGE, Munich, Allemagne
FESTIVAL REGARDS SUR LE CINEMA DU MONDE, Paris, France (Prix du Meilleur Documentaire)
FESTIVAL LES INATTENDUS, Lyon, France
DJERBA DOC DAYS , Djerba, Tunisie
LATCHO DIVANO, Marseille, France
DOKFILMWOCHE, Hambourg, Allemagne
HORS PISTE, Paris Beaubourg, France