Titre original : ان هذا لقسطنطين
Année : 2007
Durée : 30’
Scénario : Bahia Bencheikh El-Fegoun
Extrait d’un article
En filmant Constantine, Bahia Bencheikh El-Fegoun découvre qu’une partie d’elle-même y est restée et qu’elle en a été privée. « Le film raconte une grande blessure, dans le sens où c’est une part de mon identité dont j’estime avoir été amputée », confie-t-elle. Et de reprendre : « Et j’en suis, mais pas seule responsable. »La réalisatrice estime qu’il y a une transmission de la culture et de l’histoire qui n’a pas été faite, et que l’Etat est « le premier responsable quand il est question de culture et d’identité », relève-t-elle. Ainsi, les individus (citoyens ou Etat) sont responsables, chacun à sa manière, de la crise et de l’abandon identitaire. On ressent dans le film qu’il y a un refus de parler de soi, que chacun a fait abstraction d’un passé et qu’on est allé à autre chose.
Le personnage principal dans ce film, c’est bien la ville de Constantine. « Constantine est mon personnage principal, on tourne autour et on tourne dans cette ville, il n’y a pas de plans larges dans le film, on va au cœur de la ville et de sa problématique », explique-t-elle, tout en précisant : « Si la présence de mon père est récurrente, c’est parce que, peut-être, lui seul, détenteur de cette histoire, de ce patrimoine,est en mesure, beaucoup plus que moi, de dire des choses sur son passé. » Si Constantine est le personnage principal, il se trouve qu’il ne parle pas, qu’il est invisible, même s’il est présent et on le voit à travers son patrimoine et ses habitants. La réalisatrice va à la rencontre de sa ville, mais celle-ci ne parle pas et ne répond pas à ces questions. « Constantine ne parle pas et pourtant la ville est présente. Je filme la ville, les habitants », dit-elle, et d’ajouter : « Je crois que cette ville fuit, elle est repliée sur elle-même, personne ne la voit, tout le monde y est indifférent, elle s’effondre, on ne la regarde plus. J’ai très mal pour elle. » Le film montre une ville délabrée, abandonnée, ignorée et en ruine, « des ruines, certes, mais belles, chargées d’histoire et de vie », dit-elle. Et d’ajouter : « Je pense qu’un film n’est pas là pour apporter des réponses, mais pour poser des questions, après chacun est libre de trouver des réponses à ses questions. »