8 lettres : Avant-premières en ouverture et en clôture ; Inédits ; Spécial Tunisie ; Célébration et hommage aux victimes du massacre du 17 octobre 1961 ; Hommage à Izza Genini ; Hommage à Moumen Smihi ; Carte blanche à Med Hondo ; Le Maghreb des films en banlieue et en province
Rappel des dates : du 16 au 25 octobre à Paris, à partir du 16 octobre en banlieue parisienne et en province (voir la page réseau) La grille horaire sera précisée ultérieurement.
LETTRE DU ... SEPTEMBRE 2011
Carte blanche à Med Hondo
« … Sur les écrans, au théâtre, l’Afrique, moi, les bicots-nègres, les basanés, un continent était absent des images du monde. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais absent de cette histoire. Il fallait que je remplisse ce vide. »
Med Hondo, de son vrai nom Mohammed Abid Hondo, est né le 4 mai 1936 à Attar, en Mauritanie.
Sa famille, au gré des mariages ou des guerres, s’est installée au Mali, au Maroc, au Sahara, en Algérie ou au Sénégal.
Après l’Ecole Hôtelière Internationale de Rabat, il devient cuisinier.
Il arrive à Marseille en 1959.
Là, il observe le racisme croissant à l’égard des populations migrantes d’Afrique de plus en plus nombreuses.
En 1959, il s’installe à Paris, où il vit de petits métiers, il découvre alors le théâtre,, s’inscrit à des cours il se forge une conscience politique.
Il joue « les classiques » : Shakespeare, Molière, Racine… puis décide que les Africains se doivent de se représenter eux-mêmes, par le biais de leurs auteurs et de leurs comédiens.
Il fonde la compagnie théâtrale « Griotshango », en 1966, avec Robert Liensol, avec laquelle il met en scène René Depestre, Aimé Césaire..., puis tente l’aventure cinématographique.
Mais d’où tient-il son désir de communiquer et d’exposer des idées fortes ? Peut-être de son grand-père paternel qui déclamait des poèmes, psalmodiait le coran, et dont l’éloquence subjuguait l’auditoire.
Peut être des reliquats de ses lectures de jeune adulte ? Ces livres politiques ou ces paroles de conteurs et de poètes tels Birago Diop, Kateb Yacine. Ces essais, ces ouvrages de Frantz Fanon, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop et autres.
Dans les pays d’Afrique où ses films sortent, le retentissement est grand. Med Hondo l’explique ainsi : "ce qui crée leur impact … c’est cette soif d’être, cette soif d’eux-mêmes et de leur culture, qu’ont les Africains. Ils ont besoin de se voir, d’écouter leurs langues, de voir des films qui les concernent."
Pour le Maghreb des films Med Hondo a choisi 3 films
« Fatima, l’algérienne de Dakar » (2002 - 93’)
Été 1957, Nord-Est de l’Algérie.
Le sous-lieutenant sénégalais Souleymane Fall dirige un commando de parachutistes chargé de « nettoyer » une zone montagneuse sensée abriter des « fellaghas ».
Durant une patrouille, il abuse de la jeune Fatima qui tente de s’échapper. De ce drame, va naître un fils.
Quelques années plus tard, au Sénégal, le père de Souleymane, musulman pratiquant et monogame convaincu, exige de son fils qu’il retrouve et épouse Fatima, en réparation de son acte.
« West Indies... les nègres marrons dela liberté » (1979 - 110’)
Les West Indies sont les Antilles d’abord espagnoles, puis anglaises, françaises, néerlandaises, avant que Cuba et Haïti, entre autres, conquièrent leur indépendance. Avec la langue créole comme élément essentiel, c’est l’histoire du peuple des Antilles qui est racontée.
Du XVIIe siècle à nos jours, l’action se déroule, à travers des chants et des ballets, véritable comédie musicale politique, dans une caravelle négrière, évoquant à la fois le passé, et le présent.
Le présent, cette autre " traite " qui amène en sens inverse vers l’Europe, pour échapper à la misère, des milliers d’hommes devenus immigrés.
« Soleil O » (1970 - 102’)
Un immigré africain en quête de travail, découvre les aspérités de la "Douce France", le racisme de ses collègues, le désintérêt des syndicats et l’indifférence des dignitaires africains qui vivent à Paris, au pays de "nos ancêtres les Gaulois".
Un cri de révolte contre toutes les formes d’oppression, la colonisation et toutes ses séquelles politiques, économiques et sociales ainsi qu’une violente dénonciation des fantoches installés au pouvoir dans beaucoup de pays d’Afrique par la bourgeoisie française.
« Soleil O » a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes, puis a obtenu le Léopard d’Or à Locarno.