Année : 2013
Durée : 90’
Scénario : Ghanem, Ali
Production : Les Films Singuliers
Contact presse : Tanissia GHANEM
lesfilmsalighanem@yahoo.fr
Avec : Ahmed TAYBI, Yves PIRON, Oumria MOUFFOK, Chafik AÏT AHMAD et Alice TAURAND
« Je n’ai pas voulu montrer les Maghrébins tels qu’ils sont décrits habituellement, c’est-à-dire vivant dans des bidonvilles et subissant le racisme. Je montre plutôt une famille standard », nous expliquera Ali Ghanem lors d’une interview réalisée en 2005.
Entre passé et présent, des images de L’Autre France surgissent et viennent accompagner dans sa rêverie notre vieil immigré. Nous retrouverons ces deux amis des années plus tard, en effet, dans Chacun sa vie. Le père, Rachid, campé avec finesse par Ahmed Taybi, travaille dans une morgue, sa fille prend des cours de piano, le garçon, 20 ans, traîne un peu avec ses copains tandis que la seconde fille, 30 ans, divorcée, est à la charge de la famille. Mais elle finit par prendre conscience de son individualité, quitte le cocon familial et va s’installer à Marseille où elle travaillera dans la boutique d’une amie.
« Ce sont des gens qui vivent au sein de la société française et ce, pour donner l’image du vécu d’une famille qui a réussi. Cependant, il se produira une cassure au sein de cette cellule eu égard à une certaine modernité, à l’évolution de la société. »
Le père est bien décidé à aller revoir son village. Entré par bateau à Alger, y restera-t-il ?
Tourné en partie en France et une autre en Algérie, terminé en 2013, ce long métrage tire son essence d’un autre film réalisé par Ali Ghanem en 1997.
Histoire de la réalisation du film
J’ai tourné « chacun sa vie » dans une période sombre.
Je venais d’écrire trois scénarios mais, bien que j’aie obtenu l’avance sur recettes pour l’un d’entre eux, ils n’avaient retenu l’attention d’aucun producteur. Tous me disaient qu’il n’y avait plus de place pour des films traitant de l’immigration ou des problèmes sociaux
Un jour, alors que je passais le temps assis à la terrasse d’une brasserie du vingtième arrondissement, mon attention fut attirée par un maghrébin qui se trouvait à une table proche, le visage inondé de larmes.
Il me raconta qu’il était à la retraite, qu’il n’en pouvait plus de tourner en rond en France, qu’il avait toujours voulu retourner en Algérie, mais que sa femme et ses enfants refusaient de le suivre. Il était désespéré, se sentant abandonné, trahi et inutile.
Profondément ému par son histoire, j’ai décidé d’en faire un film, et je n’avais d’autre solution que de le produire moi-même avec mes propres économies.
Une fois l’écriture du scénario achevée, j‘ai commencé à tourner, en ayant recours à des techniciens qui sortaient des écoles. A part quelques professionnels, tous les acteurs sont des comédiens débutants.
Par chance le comédien principal était un ami, qui avait joué dans mes films précédents, et qui a toujours fait preuve d’une très grande disponibilité.
Au moment où je me trouvais dans une impasse financière, je suis allé voir HHC, l’ancien directeur de la télévision algérienne à qui j’ai fait part du sujet et de mes difficultés. Sur le champ, il m’a donné 70 000 euros. A cette période il y avait une manifestation culturelle intitulée « Alger capitale de la culture arabe » dont la commission culturelle a bien voulu m’accorder aussi 70 000 euros. Le Ministère de la Ville français m’a également accompagné, avec une subvention de 40 000 euros.
Différents amis ont complété ces concours, me permettant de terminer le film.
Cela explique que la réalisation du film ait demandé beaucoup de temps –pour ne pas dire des années.