Vous êtes ici : Accueil » Films » Les films par ordre alphabétique » D » Désintégration (La)

Désintégration (La)

Synopsis

Banlieue de Lille, aujourd’hui.
Aux yeux des jeunes, Djamel apparaît comme un personnage aux propos acérés et au charisme certain. Il véhicule cependant un discours rétrograde, violent et xénophobe, qu’il prétend tirer de l’Islam originel.
En habile manipulateur, il joue tour à tour sur les fragilités identitaires, les frustrations sociales et la personnalité de chacun.

Thèmes : Emigration , Islamisme

Réalisateur(s) : Faucon, Philippe

Pays de production : France

Type : Long métrage

Genre : Fiction

Année 2011 / 90’

Scénario Philippe Faucon

Image Laurent Fenart

Son Pascal Ribier

Production Screen Runner

Distribution Pyramide

Avec Rachid Debbouze, Ymanol Perset, Mohamed Nachit, Yassine Azzouz. . Contact : xxxx.

Date de sortie le 15 février 2012

Ecoutez la bande annonce

Le dernier film de Philippe Faucon prête le flanc à bon nombre de reproches, qu’on entrevoit déjà. On ne manquera pas de lui opposer son didactisme et le lot de simplifications, de raccourcis qui l’accompagnent. Certes, il suit étape par étape le parcours d’un jeune de la banlieue de Lille qui, à l’issue de ses études, peine à trouver du travail, se décourage et se laisse embrigader dans une cellule islamiste radicale, jusqu’à la perpétration d’un attentat au siège de l’OTAN à Bruxelles, avec un petit côté démonstratif qui sent bon le dossier social épluché pièce par pièce. Mais s’arrêter à cela, qui est indéniable, serait se priver de ce qui fait tout son intérêt. À savoir, d’une part, la façon dont Faucon donne de la chair à sa démonstration, cette entente parfaite qu’il entretient avec ses acteurs et qui confère à chacun de ses plans une réelle intensité, qui mue petit à petit vers une tension électrique. Cette force se retrouve dans sa mise en scène qui, sous ses airs de statisme minimal, de simple suivi des personnages, leur donne un champ salutaire, un espace où il existe toujours une porte de sortie. Et cet espace, progressivement, se resserre.

D’autre part, l’effet « dossier » épouse l’engrenage infernal que décrit le film. Une mécanique implacable dont rien, absolument rien, n’est laissé au hasard – désillusion, attente, pression familiale, auto-dépréciation, déni, rejet – et qui laisse planer un terrible fatum sur la tête de son héros, peut-être plus victime de sa faiblesse morale, de son pessimisme, de son lâcher-prise, que des violences sociales (il est français d’origine maghrébine et les employeurs voient d’un mauvais œil son nom sur un C.V.). Les étapes de sa chute s’enchaînent dans une trame serrée, une sorte de logique cause-conséquence absolument irrésistible, qui dévoile très tôt la perspective entière de sa chute. En fait, l’extraordinaire ici, c’est que le cinéma français, sans rien abandonner de ses préoccupations sociales, s’empare de l’efficacité d’une série B, qui raconte beaucoup en très peu de temps, qui tire le maximum d’une petite troupe d’acteurs et de trois bouts de décor. Le film ne dure pas plus de quatre-vingts minutes. De drame social, il se mue en film de gang, polar désespéré, film noir et, enfin, tragédie brûlante, attisée par les armes blanches et froides d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens.
Mathieu Macheret

Biographie Né au Maroc. Titulaire d’une maîtrise de Lettres, Philippe Faucon aborde le monde du Septième art par la régie. Avec son premier long métrage, L’Amour, il décroche à Cannes le Prix Perspectives du cinéma français. Le sort fait aux immigrés est au centre de ses préoccupations et il revient sur la guerre d’Algérie en signant en 2006 La Trahison.