Année : 2017
Durée : 118’
Scénario : Mohamed Lakhdar Tati
Image : Sylvie Petit
Montage : Abdeghani Raoui
Son : Baptiste Chachat
Musique : Nadia Ratsimandresy
Production : Stella Production France / Tayda Film Algérie
La rencontre avec soi se fait comme un jeu de miroirs éclatés. Mohamed Lakhdar Tati
Extraits d’un article de Djamila Ould Khettab : « Fais soin de toi », un beau film sur la difficulté d’aimer en Algérie
A la manière d’un Aristote du bitume, le réalisateur de « Dans le silence je sens rouler la terre » se meut dans les rues principales de la capitale avec un dispositif minimaliste – deux caméras en tout et pour tout – et réfléchit à la relation des Algériens à l’amour. Après Alger, il fait voyager sa réflexion à travers le pays : on arrive à Biskra, on descend à Touggourt, on retourne à Alger, on s’échappe à Saida, on fait un crochet par Béjaia et on revient inlassablement à Alger. Des allers-retours entre les régions, comme le reflet d’une pensée en gestation.
En avalant les kilomètres, le réalisateur croise sur sa route toutes sortes de victimes de l’amour : de « vieux garçons » qui – comme lui – attendent le grand amour, un enfant, pour qui le coup de foudre est aussi puissant qu’une rencontre avec le Président de la République, une mère célibataire fracassée par un amour violent, un passant qui découvre les joies de l’amour, deux jeunes filles qui ont peur de s’abandonner à un homme sous peine de passer pour des filles « légères », un couple marié par arrangement et heureux en ménage. Le tout constitue une mosaïque presque complète de notre société.
C’est bien là que réside la force de « Fais soin de toi », dans cette galerie de portraits qu’il brosse. Tati ne se contente pas de donner la parole aux jeunes, il parvient à faire parler tout le monde. En tête à tête, en petit comité ou en famille, les discussions tournent essentiellement autour de la difficulté de tomber amoureux. On comprend au fil des conversations que l’amour cristallise différentes peurs : la peur du ridicule et d’être taxé de « hallab » pour les hommes, la peur de passer pour une fille « facile » pour les femmes, la peur de faire confiance à l’autre pour tous. Sous le poids des mœurs, des traditions et des stéréotypes, les relations amoureuses s’épanouissent difficilement.
Festivals
Rencontres cinématographiques de Bejaia 2017, Algérie
Festival du film africain de Taria 2017, Espagne