Noureddine Saïl (1947-2020) est sans aucun doute la figure majeure du cinéma marocain, depuis la naissance de ce dernier, et tout autant du cinéma africain.
Né à Tanger en 1947, il fait des études de philosophie dont il devient enseignant, puis inspecteur général.
Attiré par le cinéma, il en acquiert une vaste culture, crée « Cinéma 3 », première revue cinématographique marocaine, puis en 1973, à 26 ans et avec quelques comparses, la Fédération Nationale des ciné-clubs marocains.
Quatre ans plus tard, il conçoit et dirige le Festival de Khouribga, premier festival cinématographique du pays à se consacrer entièrement à la création et à la production du continent africain.
Critique de cinéma respecté, scénariste (« Badis », « Lalla Hobbi »), auteur d’un roman, « L’ombre du chroniqueur », sorte d’hommage à « La Disparition de Georges Perec », il occupe des fonctions importantes à la Radio-Télévision marocaine, puis à Canal+ Horizons. En 2003, il devient l’incontestable « patron » du Centre du Cinéma Marocain qui, sous sa direction, acquiert une dimension internationale, passant de 2 ou 3 longs-métrages par an à plus ou moins 25 et s’orientant vers une création plus exigeante dont émergera une pépinière de talents : Djilali Ferhati, Ismaël Ferroukhi, Narjiss Nejjar, Nabil Ayouch, Hassan Legzouli ou Hicham Lasri, pour n’en citer que quelques-uns.
Il en sera évincé sans ménagement par un Ministre de la culture islamiste en 2014.
Il a succombé à la COVID 19, le 15 décembre 2020.
Il restera toutefois, pour tous, comme l’une des figures les plus brillantes du monde culturel africain et celui qui a révolutionné (le mot n’est pas trop fort) le cinéma marocain du 21ème siècle.
Il a été l’ami fidèle et le défenseur du Maghreb des Films et nous voulons ici honorer sa mémoire et saluer son œuvre.