Dans J’ai habité l’absence deux fois, Drifa Mezeneer filme sa famille, qu’elle interroge aussi, et son quartier d’Alger, Kouba. Que l’un de ses frères a quitté pour l’Angleterre d’où il n’est jamais revenu.
En off, la cinéaste raconte le temps passé depuis le terrorisme et la vie à Kouba, aujourd’hui et hier. Un quartier plein de vie, de sensations rendues palpables par les images et le récit, un quartier qui a aussi connu le mortifère et qui en est sans doute encore marqué.
Drifa parle de et à son frère, le grand absent de cette famille vivant dans un pays où, peut-être, les gens sont absents à eux-mêmes. Dans le jardin familial, la difficulté du père à répondre aux questions de sa fille concernant l’Algérie contemporaine (« quand la colère m’aura quitté, je te raconterai » dit-il), son regard qui la fuit, font sentir les blessures qu’a laissé en lui les deux guerres que sa génération a subies.
Le silence de la mère rend poignante la douleur qu’est la sienne en l’absence de son fils.
Les propos du grand frère apportent un éclairage subjectif, pertinent, parfois ironique, sur ce qu’il en est de la vie à Alger aujourd’hui, un appel à une renaissance qu’il sait difficile.
Ce film, formellement maîtrisé, aux cadres et au son travaillés, au montage habile, est un portrait pluriel. Celui d’une famille, de chacun de ses membres, d’un quartier, d’un pays, d’une époque, d’une cinéaste qui parle à la première personne. Un portrait émouvant et beau, un film prometteur.
Avec Said Mezenner, Hamoudi Mezenner, Fatima Mezenner, Raouf Mezenner, Mohammed Mezenner, Mohamed Said Mezenner, Drifa Mezeneer
Extrait de Critikat
Le film a été réalisé dans le cadre des ateliers Bejaïa Doc, fondés en 2007 par l’association algérienne Cinéma et Mémoire, en partenariat avec l’association française Kaïna Cinéma. Chaque année, six à huit stagiaires sont encadrés, de la phase d’écriture à la finalisation, pour concrétiser leurs projets qui se doivent de traiter un sujet qui leur est proche. On leur apprend notamment à mettre leur subjectivité au cœur de leurs documentaires. Cette dernière est en effet prégnante dans les six films de la promotion 2011, qui ont pour autre point commun de tous traiter d’une problématique proprement algérienne (l’aménagement de l’espace urbain depuis l’indépendance – Block House, de Tarek Mokhnache, la désinvolture avec laquelle est géré l’espace commun à Constantine – Et si ça changeait, de Nabil Chaouch Teyra, l’héritage de Frantz Fanon dans l’hôpital où il a exercé – Où est Fanon, de Yacine Hirèche...).
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