Année : 1961
Durée : 8’
Scénario : Olga Varen (Sous le nom d’Olga Baïdar-Poliakoff), Yann Le Masson, René Vautier
Image : Yann Le Masson
Montage : Jacqueline Meppiel, Olga Poliakoff
Production : Comité Maurice Audin
Distribution : Films du grain de sable - Centre audiovisuel Simone de Beauvoir.
Le film sera interdit par la police et saisi 17 fois. Le visa de censure ne lui sera accordé qu’en 1974, douze ans après la fin de la guerre d’Algérie.
La réalisation de J’ai huit ans s’inscrit dans l’action de Frantz Fanon (auteur et théoricien engagé contre le colonialisme, militant du FLN à partir de 1956, était, au début de la guerre d’Algérie, médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Blida et c’est à ce titre, comme médecin psychiatre, qu’il consacre un chapitre de son ouvrage Les damnés de la terre aux conséquences psychopathologiques de la guerre et de la torture), qui est allé, en 1961, dans les camps de réfugiés le long de la frontière entre l’Algérie et la Tunisie, recueillir les dessins des enfants. Ce travail de collecte, commencé avec René Vautier deviendra J’ai huit ans.
Témoignage de Yann Le Masson dans Porteurs d’espoir (Charby Jacques, Les porteurs d’espoir, Paris éditions La Découverte, 2004)
Une autre indispensable manière d’aider les Algériens et de dénoncer le rôle de l’armée française dans cette guerre, c’était d’utiliser une autre arme que j’avais appris à maîtriser, la caméra. En collaboration avec Olga et grâce à René Vautier qui m’avait procuré des dessins d’enfants algériens, nous avons réalisé un petit film d’"agit-prop" anticolonialiste. Ces dessins sont très beaux et terribles : ils racontaient la répression menée par l’armée française, la fuite des familles vers la Tunisie en traversant la "ligne Challe" minée, électrifiée et battue par l’artillerie. Dessins d’enfants traumatisés, harcelés par des cauchemars, beaucoup d’entre eux amputés. Olga a recueilli les témoignages des enfants sur leurs propres dessins, en allant les retrouver en Tunisie. Le film a été, bien entendu, interdit à son achèvement en 1961 (et jusqu’en 1972), diffusé clandestinement et saisi de très nombreuses fois. Aujourd’hui encore, il fait l’objet de projections devant un public bouleversé et suscite des articles de presse - dont un relativement récent (Florent Guézengar, Exploding, n°7, octobre 2001)