Année : 2011
Durée : 70’
Scénario : Ridha Tlili
Production : Ayanken Filmproduction
Extrait d’un article de Ismaël
Originaire de Sidi Bouzid, Tlili filme pendant des années sa région natale et plus particulièrement l’héritage culturel et artistique berbère : musiques, poésies, danses, rites, etc. Entre l’étau des autorités, le désintérêt des jeunes générations, la récupération folklorique, le film observe de façon patiente, à la limite de l’ethnographie, la disparition de cette culture aux racines ancestrales païennes. Dans un geste filmique désespéré, les images tentent de sauver ce qui peut l’être. Loin de tout misérabilisme et de toute démonstration, les visages, les chansons, les poèmes, les transes, les spectacles équestres sont rendus dans leur pleine durée. Peu de montage, peu d’effets de style, peu d’esthétisation, mais un point de vue lucide sur une Histoire qui se tait doucement. La dernière séquence du film, extrêmement ambigüe, filmée après la révolution au Regueb, est à ce titre significative.
Dans la rue, une bande de jeunes parlent de la révolution qui vient d’avoir lieu, s’enthousiasment et finissent par entonner en chœur une chanson « révolutionnaire ». Alors que les jeunes étaient absents durant tout le film, les voici à l’image, ayant des corps différents, utilisant un langage différent, chantant des chansons différentes que leurs aînés. La transmission n’a pas eu lieu.
« Jiha » est un film sur une culture qui disparait.