Autres titres Juanita bint Tanga, Vida perra de Juanita Narboni (La), Chienne de Vie de Juanita Narboni (La)
Année 2005 / 110’
Production Tingitania Films, Zap Producciones
Distribution Wanda Vision
Scénario Gerardo Bellod, adapté du roman de l’écrivain espagnol originaire de Tanger, Ángel Vázquez (Premio Planeta 1962) : « La vida perra de Juanita Narboni », publié en 1976.
Image José Luis Alcaine
Son Bartelome Alcaine
Montage Pablo G. Plant
Musique Jorge Arriagada
Décors Pepe Domínguez
Costumes Ayda Diouri
Musique Rachid Regueragui
Avec Mariola Fuentes, Salima Benmoumen, Cheta Lera, Lou Doillon, Nabila Baraka, Mariana Cordero, Paco Algora, Abdellah Montassir, Concha Cuetos, Amal El Atrache, Francisco Algora, Rosario Pardo, Victoria
A propos…
Juanita de Tanger s’ouvre aux influences espagnoles dans la société marocaine du nord. Adapté d’un roman célèbre, cette fiction s’attache au destin d’une Tangeroise aux origines espagnoles qui traverse la vie sans y trouver d’attaches, ancrée seulement par une relation physique avec son espace. Au fil de ses pensées, Farida Benlyazid tisse le portrait en creux de sa ville, animée par les influences culturelles qui s’y côtoient. En composant cette lecture du passé sur les traces d’une femme solitaire et insatisfaite, la réalisatrice sensibilise à la tolérance dans une coproduction hispano-marocaine mûrement réfléchie.
Entretien de Michel Amarger avec Farida Benlyazid
Quelle facette du roman avez-vous choisie pour votre film ?
C’est d’abord Tanger parce que justement j’étais déçue de ne pas le voir. Qui dit Tanger dit les cultures multiples et leurs rencontres, les croisements. Pas les amalgames : attention. Quand on est dans ces villes à plusieurs cultures, chacun est très vigilant à garder sa culture, à ne pas glisser dans la culture de l’autre. Mais en même temps il y a un grand intérêt vis à vis de l’autre. Moi petite fille, j’avais des voisins juifs et j’ai assisté à leurs dîners. J’allais avec ma copine et elle venait chez moi. C’est extrêmement important surtout dans le monde de l’enfance. C’est de ça que j’avais envie de parler. Jusque là j’étais très influencée par la culture marocaine que j’avais peur de voir disparaître. Mais je suis rassurée, elle n’est pas prête de disparaître. Donc je suis allé chercher du coté de cette identité multiple qui me parait extrêmement intéressante.
Qu’arrive-t-il à votre héroïne ?
Juanita est née à Tanger et voudrait mourir à Tanger. Il ne lui arrive rien justement. C’était la difficulté. Elle ne se permet même pas de rêver. Ce qui fait son attrait, c’est cette volonté d’avoir des désirs qu’elle n’arrive pas à assouvir. Elle fait un pas en avant et deux pas en arrière tout le temps. Son humanité. J’aime beaucoup ses petites phrases comme lorsqu’elle dit : « Pour moi, rien c’est quelque chose ».
Son seul rapport privilégié est-il avec sa bonne marocaine ?
Elle est très proche mais quand même subalterne. On retrouve un peu la dialectique du maître et de l’esclave. Finalement sa bonne est mieux lotie. Au fil des ans, elle a eu des enfants. Ses enfants pensent à elle, elle reçoit des cadeaux. Elle pourrait presque ne plus travailler. Dans le livre Juanita dit : « Elle ne reste pas pour les deux sous que je lui donne mais par tendresse, par habitude ». Elle fait partie de sa vie. Quand elle disparaît, c’est le drame et puis la triste vérité.