Année : 2016
Durée : 10’
Extraits d’un article de Mathilde Rouxel sur Kalthoum Bornaz
Elle fut l’une des premières caméras féminines de Tunisie, aux côtés de Selma Baccar ou de Néjia Ben Mabrouk.
Kalthoum Bornaz a d’abord fait des études de lettres avant de rejoindre l’IDHEC (ancienne FÉMIS) à Paris. À cette époque encore, seules les formations de scripte et de monteuse étaient ouvertes aux femmes ; elles étaient systématiquement écartées des métiers de l’image, jugés plus techniques et réservés aux hommes. Elle obtient son diplôme en 1968 et travaille un temps à la télévision française. De retour à Tunis, elle a choisi d’intégrer le milieu du cinéma en pratiquant ce qu’elle avait appris : elle travailla comme technicienne (scripte, monteuse, puis assistante à la réalisation) avec des cinéastes tunisiens et internationaux – Georges Vergès, Roman Polansky, Claude Chabrol, Nacer Khémir, entre autres. Elle se lance en 1984 dans la réalisation de son premier court-métrage, Couleurs fertiles, toujours inédit : exemple parmi d’autres de la lourde censure de l’ère Ben Ali, on lui demande par excès de zèle la suppression d’un discours grandiloquent de Bourguiba sur le cinéma. L’ayant utilisée comme pivot de son film, et par respect pour Bourguiba comme pour elle-même, Kalthoum Bronaz refusa de toucher à l’archive. Elle ne put jamais sortir son court-métrage officiellement. Films de résistance, films de mémoire, le cinéma de Kalthoum Bornaz s’est toujours montré politiquement et artistiquement engagé.