Dimanche 1er juillet aux 3 Luxembourg
Les thèmes : deux films ayant trait à la période coloniale et à la naissance du mouvement national, deux films ayant trait aux pieds-noirs et la guerre d’Algérie
à 14h30 :
Les Déracinés de Mohamed Lamine Merbah (19876 - 82’) - Thème : période coloniale et naissance du mouvement
Les habitants d’un douar, spoliés de leurs terres par l’administration française, choisissent l’exil plutôt que d’entrer au service des colons. Parmi eux se trouvent quelques prisonniers, qui avaient été injustement arrêtés et qui ont échappé aux gendarmes.
Une longue marche, dans des conditions très difficiles, coupée par des périodes de travail temporaire, marquée par des deuils mais aussi par la volonté de préserver une véritable vie collective, les mènera jusqu’en ville.
Mais une communauté rurale peut-elle survivre dans un cadre urbain ?
Une des rares évocations par le cinéma de ce drame qu’a été la spoliation des terres
à 16h30 :
Outremer de Brigitte Rouän (1989 - 100’) - Thème : Les pieds-noirs et la guerre d’Algérie
Algérie, fin des années 50.
Trois sœurs unies : Zon, l’aînée, l’épouse d’un officier de marine toujours absent, Malène, la deuxième, qui exploite le domaine familial et Gritte, la plus jeune, infirmière. Nul ne sait qu’elle a une liaison avec un fellaga. C’est la seule qui essaie de comprendre le sens de l’histoire peu avant l’indépendance de l’Algérie.
Chronique émouvante des événements d’Algérie, au travers du regard de trois sœurs.
à 19 heures :
Les Oliviers de la justice de James Blue (1962 - 81’) - Thème : Les pieds-noirs et la guerre d’Algérie
Jean, à l’annonce de la maladie de son père, est revenu en Algérie, son pays natal, qu’il avait oublié. A son retour tout le blesse, d’abord son père, un vieux colon ruiné, qui habite avec sa mère dans un modeste appartement de Bab-el-Oued et vit avec les souvenirs du passé, puis l’environnement général.
Tourné à Alger et dans la plaine de la Mitidja de septembre 1961 à janvier 1962, avec des techniciens et des acteurs algériens et pieds-noirs, quand les soldats, les barbelés et les bombes formaient le premier plan du paysage.
Le réalisateur a vécu plusieurs années à Alger, on l’appelait « l’Américain » de Bab el Oued.
Belle transposition du roman de Jean Pélegri.
à 21 heures
Oranges amères de Michel Suth (1996 - 82’) - Thème : Période coloniale et naissance du mouvement
A Alger, le 8 mai 1945, on fête la victoire des Alliés.
Dans une famille de Pieds-Noirs, Alice met au monde son deuxième enfant. Sa sœur Angèle court annoncer la nouvelle à son beau-frère, Paco, d’origine espagnole, employé à la Boulangerie mahonnaise.
Elle fait connaissance d’un collègue de travail de Paco, Saïd, un Algérien dont elle tombe amoureuse et avec qui elle commence une liaison vue d’un mauvais oeil à la fois par sa soeur et par le père du garçon.
Angèle travaille à l’usine Bastos. Les ouvrières protestent contre les conditions de travail et le harcélement sexuel que leur fait subir le patron : elles se mettent en grève avec occupation des locaux.
Sur la plage de Sidi-Ferruch, une fête est organisée pour collecter des fonds afin de soutenir la grève. Alors que Saïd et Angèle sont sur la piste de danse, la fête bascule dans la violence et le drame...
Très beau film peu diffusé !
Lundi 1er juillet, aux 3 Luxembourg
à 17 heures
La Nuit a peur du soleil de Mustapha Badie (1965 - 195’) - Thème : Prémisses et guerre d’Algérie
Fresque historique en quatre tableaux qui retrace les antécédents, le déroulement et l’aboutissement de la guerre de libération nationale.
Le premier tableau, « La terre avait soif », décrit les aspects de l’injustice et de l’oppression coloniale.
Le deuxième « Les chemins de la prison » raconte les souffrances du peuple engagé dans le combat.
Les deux derniers sont les récits de deux vies.
à 21 heures
L’homme qui regardait par les fenêtres de Merzak Alloache (1986 - 85’) - Thème : Les premières années d’indépendance
Un bureau de police à Alger quelque temps après l’indépendance. Monsieur Rachid, père de famille, cinquante ans environ, ancien fonctionnaire colonial muté à la bibliothèque annexe du cinéma. Monsieur Rachid, déçu et excédé par sa triste vie, face à un inspecteur qui le questionne, tente de s’expliquer : pourquoi a-t-il tué son ancien chef de service à l’issue d’une longue nuit d’errance ?
La vie médiocre après l’exaltation de l’indépendance !
On a vu samedi 30 juin : La Question de Laurent Heynemann
Commentaires :
Le film suit fidèlement le livre de Henri Alleg, mais avec quelques erreurs factuelles qui ne sont pas essentielles. Plus important : la seule motivation qui pousserait les paras à torturer est l’anticommunisme, motivation certainement bien réelle. Mais rien sur le lien du bourreau au torturé, sur ce que cela implique de mépris de soit. De ce point de vue le film est – le mot peut paraitre un peu paradoxal – trop à plat.
Débat très riche avec Renaud de Rochebrune (auteur avec Benjamin Stora de « La guerre d’Algérie vue par les Algériens », 1er tome chez Denoël ; le 2ème tome sortira au printemps 2013).
Difficile à résumer en quelques phrases. Quelques points.
Oui, la torture a été institutionnalisée et généralisée, mais, ce que l’on sait peu, c’est qu’elle l’était déjà avant la guerre dans les commissariats en Algérie, ceci pour une raison très simple : ce sont des indigènes.
Oui, tout le monde le savait, mais seulement un petit nombre de militaires l’ont pratiquée, c’était la mission des DOP. Peu d’appelés y ont été mêlés, ce sont des militaires de carrière qui en était responsables.
L’efficacité en matière de renseignements a été nulle, mais l’effet en matière de discrédit de l’armée immense …
C’est la « bataille d’Alger » en 1956 qui a marqué le développement de la torture. Mais etait-ce une bataille ? Un chiffre significatif que l’on a pas toujours en mémoire : une petite centaine de militants du FLN autour de Yacef Saadi, dans la Casbah surpeuplée où habitaient 70 000 Algériens, en face de … quelques 20 000 paras !
Les références en la matière sont Raphaëlle Branche (La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), Paris, Gallimard, 2001, 474 p.) ou Sylvie Thénault (Une drôle de justice. Les Magistrats dans la Guerre d’Algérie, Paris, La Découverte, coll. L’espace de l’Histoire, 2001, 347 p.).
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