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Lettre d’information du 27 juin


- Vendredi 29 juin, séance d’ouverture du Maghreb des films 2012 aux 3 Luxembourg :

A 16h30 :
Abd El-Kader, l’éxil et le divin de Sadli Florida (2009 - 52’) - Thème : Période coloniale et naissance du mouvement national
Algérie, année zéro de Marceline Loridan (1962 - 40’) - Thème : Les premières années de l’indépendance
Le premier documentaire sur les débuts de l’indépendance algérienne, filmé au cours de l’été 1962 à Alger. On y voit les premiers actes du nouvel Etat, comme la naissance des domaines autogérés (avec la figure de Daniel Timsit).
Film panégyrique sur la naissance de cette nation ? Pas seulement. On entrevoit les premières ambiguïtés.

A 19 heures :
Une si jeune paix de Jacques Charby (1964 - 90’) - Thème : Les premières années d’indépendance

A 21 heures - Thème : Hommage à Mohamed Zinet
Les trois Cousins de René Vautier 1970 - (10’)
Les Ajoncs de René Vautier (1971 - 14’)
Tahia Ya Didou ! de Mohamed Zinet (1971 - 76’)
Mohamed Zinet a été acteur dans les trois films. Tahya ya Didou ! est le seul film qu’il ait réalisé. Mohamed Zinet
Né d’une commande de la ville d’Alger, qui attendait un documentaire touristique, il ne fut pas du goût des autorités et il n’y eut aucune sortie en salles. Devenu un film culte, Tahia Ya Didou ! est bien plus qu’un documentaire promotionnel. Hommage à la ville d’Alger, à ses habitants, il est inclassable, cohabitation de comique burlesque et de tragiques réminiscences du passé douloureux du pays.
Du marché au port, des rues aux cafés, la caméra de Mohammed Zinet déambule dans la ville dont elle capte le pouls. Variant les angles, les échelles de plans et les mouvements d’appareil, c’est avec fluidité qu’elle observe les Algérois, sur le visage desquels elle prend souvent le temps de s’attarder. Certains apparaissent plusieurs fois et deviennent ainsi personnages (une ribambelle d’enfants poursuivis par un gendarme bienveillant, un suisse insolite tout juste arrivé en avion, en short, et dépourvu de passeport, un pêcheur de crevettes...). Nous sommes immergés dans le mouvement de cette ville.
Fil conducteur de ce tableau d’Alger, les déambulations d’un couple de touristes français. Lui (Simon) a fait la guerre et méprise les algériens. Elle, émerveillée, est le porte-parole de tous les clichés. Mais la magie du voyage est soudainement rompue, lorsque Simon reconnaît en un homme aveugle l’un de ceux qu’il a torturés pendant la guerre …
A la suite de la séance est organisé un débat, animé par Mouloud Mimoun, avec Bruno Muel qui a fait les images des trois films, ainsi que celles de Algérie année zéro.

Le Maghreb des films se déroule du 29 juin au 8 juillet.

Une cinquantaine de films consacrée au 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie – La naissance d’une nation -, répartis en 6 thèmes : la colonisation et la naissance du mouvement national, la guerre d’Algérie, la résistance française à la guerre d’Algérie, la guerre d’Algérie en France, les pieds-noirs et la guerre d’Algérie, les premières années d’indépendance

Voir les titres des films, les synopsis et la grille horaire dans dans lapage consacrée à la programmation et les pages par film.

- On a vu dans le programme CinéIMA – L’Algérie en images s’est achevé lundi 25 juin : 8 films traitant de la colonisation, de la naissance du mouvement national, de la guerre d’Algérie et des premières années de l’indépendance.
Un programme riche.
Un film, parmi d’autres, qui m’a tout particulièrement interpellé : Palestro, Algérie : histoire d’une embuscade, de Raphaëlle Branche et Rémy Lainé (2012/90’)
18 mai 1956. Vingt militaires français tombent dans une embuscade montée par les maquisards d’Ali Khodja, l’un des jeunes chefs locaux du FLN, sur les hauteurs des gorges de Palestro (route d’Alger à Constantine). Ce sont des rappelés, ouvriers et pères de famille.
L’embuscade suscite une émotion considérable. Les corps des soldats auraient été retrouvés mutilés. Dans la presse, au parlement, l’adversaire est renvoyé à une prétendue barbarie originelle. Une répression brutale (passage à tabac de suspects arrêtés, exécutions sommaires, déplacement de populations) s’abat sur cette région kabyle stratégique, point de passage entre Alger et Constantine.
Tels sont les faits. Mais ce documentaire fait bien plus que narrer ces faits, il nous fait voir leur envers : ces rappelés, qui avaient soi-disant une formation militaire, ils ont été balancés dans cette région sans aucune préparation, sans aucune connaissance de l’Algérie, des modes de vie de ses habitants. Et au début cela a été vécu comme un grand jeu de colonie de vacances, jusqu’au jour où … cette guerre qui ne disait pas son nom les a rattrapés.
D’anciens maquisards nous font vivre ce qu’était la vie au maquis et leurs relations avec les villages : les marches de nuit, le manque de tout,... Les corps nus des soldats, c’est tout simplement que les maquisards qui manquaient de tout, avaient besoin de leur tenue, de leurs pataugas, et bien sûr des armes. Ces corps mutilés, il est probable que les habitants les ont transportés les corps sur des ânes pour les éloigner de leur village, …
Et puis il remonte plus haut, toujours à partir d’interviews, il raconte la révolte d’El Mokrani en 1870, la violence de la répression y compris envers les tributs qui n’ont pas participé à la révolte, la dépossession des terres, les paysans obligés de se réfugier en montagne, … C’est du passé ? mais transmis à travers les générations, il est toujours présent.
Le documentaire raconte aussi la pauvreté - aux colons les terres de la vallée, aux Algériens celle de la montagne -, l’accès impossible à l’école, …
Et la répression s’abat : obligation de tout abandonner, maisons, affaires personnelles pour descendre dans la vallée, installations chez un cousin de la vallée ou plus souvent dans des camps de regroupements, déstructuration des relations et des modes de vie … mais malicieusement l’un des habitants note un « bénéfice collatéral » : il a pu alors aller à l’école !
Et, ce qui ajoute à l’émotion, c’est qu’à l’indépendance, ils ne sont pas remontés habiter dans leur village !
On « sait » plus ou moins tout cela, on ne l’a pas « intégré », mais ce film nous le permet.

Palestro, Algérie : histoire d’une embuscade a été diffusé le 19 mars 2012 sur Arte

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page du site du Maghreb des films consacrées à la manifestation.

- On a vu à La Clef mardi 26 juin : 1962 : De l’Algérie Française à l’Algérie Algérienne de Marie Colonna et Malek Bensmaïl (2012, 2 x 64’) - Thème : Période coloniale et naissance du mouvement national.
Déjà projeté à l’IMA, ce documentaire a été à nouveau projeté à La Clef à l’initiative de « Agir pour le Changement et la Démocratie en Algérie » (ACDA) et du Maghreb des films, suivi d’un débat avec Marie Colonna, co-réalisatrice et Malika Rahal, historienne, animé par Meriem Abid (ACDA)

Une série d’interviews sur la période allant du 19 mars à septembre 1962, par : le rapport des pieds-noirs à l’Algérie, l’indépendance évidente pour les Algériens, la folie meurtrière de l’OAS, les efforts du FLN pour éviter le carnage, la joie de l’indépendance, le coup de force de Boumediene et de Ben Bella, etc.
Une image et un symbole : lors des fêtes de l’indépendance la statue de jeanne d’Arc, rue d’Isly, affublée d’un haïk (le voile blanc algérois) et du drapeau algérien !

Documentaire passionnant dont le premier épisode sera diffusé le 3 juillet sur FR3. Salle pleine, débat très riche avec Marie Colonna et Malika Rahal, qui aurait pu se poursuivre bien après minuit !

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