Année 2010 / 75’ / 2010
Image Vincent Jeannot
Son Samuel Mittelman
Montage Céline Eudier
Production Chaya Films. Contact : chayafilms@hotmail.com
Ce documentaire entrecroise des témoignages des protagonistes français et algériens : militants pour l’indépendance algérienne, avocats, historiens, militaires... En s’appuyant sur les recherches de l’historien Pierre Vidal-Naquet, il mêle documents (archives filmées, journaux, livres, dessins …) et scènes de reconstitution pour retracer le contexte de cette disparition et dénoncer la torture et le meurtre pratiqués en Algérie. Josette Audin est le personnage central et le « commanditaire » moral de ce film.
1 – Avant - La vie à Alger
Cette première partie met principalement en scène les témoignages de Josette Audin, d’Henri Alleg, journaliste et alors directeur du journal Alger Républicain, et de
l’historien Mohamed Harbi, illustrés de documents d’époque, de photos de famille et
d’images actuelles d’Alger en compagnie d’Henri Alleg. (Josette Audin ne veut pas
retourner à Alger, qui représente pour elle un passé trop douloureux).
1957. L’Algérie est encore française mais la décolonisation est en marche, s’exprimant par la violence. Depuis 1954, les indépendantistes
algériens multiplient les attentats, les autorités
françaises ripostent par une répression sanglante, c’est
l’escalade. Le fameux attentat contre le Milk-Bar
entraîne l’envoi massif de troupes françaises en
1956 pour « rétablir l’ordre » ; les « ratissades »
arbitraires deviennent systématiques, aboutissant à
l’internement de nombreuses personnes ; les avocats ne
savent plus comment traiter les dossiers qui
s’accumulent par milliers, face à une justice souvent
expéditive ; l’armée a tous les pouvoirs ; les militaires,
souvent de très jeunes appelés, sont confrontés brutalement à la violence et à
l’avilissement d’un « sale boulot » qui parait justifié par la grandeur de la cause : la
protection des innocents et l’idée de la « grande France » dont faisait partie l’Algérie,
menacée par les rebelles et le communisme.
Alger.
Dans cette ville cosmopolite, deuxième
capitale française pour certains, vivent de nombreux
européens. Parmi eux, un jeune couple
d’enseignants, les Audin. Tous deux sont issus de
familles d’origine européenne. Josette est née à Bab
El Oued, Maurice vit à Alger depuis l’âge de huit
ans. Ils se sont mariés en 1954. Josette, adjointe
d’enseignement au Lycée Gautier, est en congé
maternité. En mai 1957 est né leur troisième enfant.
Maurice est un brillant assistant de mathématiques,
il prépare un doctorat d’Etat à la Sorbonne. Il est
aussi militant du Parti Communiste Algérien,
favorable aux indépendantistes algériens, mais son
activité est essentiellement syndicale. Une famille
ordinaire dans une période de troubles.
2 – 11 Juin 1957 - L’arrestation, la justice militaire
Dans cette deuxième partie, les témoignages de Josette Audin et d’Henri Alleg seront complétés par ceux d’autres acteurs des faits, en particulier les avocats, et illustrés par de courtes scènes de reconstitution.
Josette Audin raconte l’irruption brutale des
parachutistes dans son foyer, le 11 juin, et
l’arrestation de son mari, puis les journées
passées avec ses trois enfants, bloquée
pendant 4 jours et 4 nuits avec les militaires
dans son appartement, où Henri Alleg, venu
prévenir Maurice des menaces qui pesaient sur
eux, est à son tour arrêté ; puis l’attente,
l’incertitude et l’angoisse quant au sort de son
mari.
Henri Alleg explique les raisons de
l’arrestation de Maurice Audin : il a recueilli pendant quelques jours à son domicile, en avril, un militant communiste, Paul Caballero. Celui-ci étant malade, Maurice fait appel à un médecin, le docteur Hadjadj. Quelques jours plus tard, à l’instigation d’Henri Alleg, Maurice rencontre un autre militant, André Moine. Caballero et Moine sont tous
deux activement recherchés par les parachutistes. L’arrestation et l’interrogatoire
(électricité et eau) du docteur Hadjadj conduisent les militaires à Audin.
Henri Alleg raconte sa propre arrestation, les tortures qu’il a subies, décrites dans son livre « La Question », et sa détention au Centre de tri d’El-Biar où il a vu pour la
dernière fois son ami Maurice.
A partir du 16 juin, aussitôt après le départ des parachutistes de son appartement,
Josette Audin, qui ne sait toujours ni pourquoi, ni où, ni dans quelles conditions son
mari a été arrêté, prend contact avec des avocats.
Pierre Braun et Jules Borker disent comment ils sont immédiatement t intervenus, ils
expliquent le fonctionnement de la mécanique judiciaire très particulière en service à
Alger, où les limites habituelles des pouvoirs policiers, judiciaires et militaires ont été
balayées par la crise. Ils décrivent les rares ressources disponibles pour tenter de
connaître le sort de personnes tombées entre les mains des militaires : l’ « assignation à
résidence », utilisée par Paul Teitgen, secrétaire général chargé de la police à la préfecture
d’Alger ; la saisie de la Commission de Sauvegarde des droits et libertés individuels,
fraîchement constituée.
Josette Audin multiplie les démarches avec ses avocats et reçoit en retour des
informations contradictoires, dont notamment la visite de jeunes militaires tenant des
propos inquiétants. Elle est enfin reçue le 1er juillet par le colonel Trinquier qui déclare
avoir une « bonne nouvelle » à lui annoncer.
3 – 1er juillet 1957 – « Votre mari s’est évadé ».
Témoignage de Josette Audin, insert de document et scène de reconstitution de
« l’évasion » selon les parachutistes.
Josette Audin relate la manière dont le colonel Trinquier lui a annoncé « l’évasion »
de son mari le 21 juin et lui a lu le rapport de Meyer.
Scène de reconstitution : l’évasion selon le rapport du lieutenant-colonel Mayer du 25 juin.
Josette Audin refuse de croire cette version des faits et comprend aussitôt que son mari a été tué : s’il s’était réellement évadé 10 jours plus tôt, il se serait manifesté auprès d’elle.