Année 2010 / 82 ’
Scénario Sarah Bouyain,
en collaboration avec Gaëlle Macé
Assistant réalisateur Pierre Sénélas
Chef opérateur Nicolas Gaurin
Montage Valérie Loiseleux, Pascale Chavance
Son Marianne Roussy, Cécile Chagnaud, Thierry Delor
Musique Sylvain Chauveau
Décors Bill Mamadou Traoré, Barbara Creutz-Pachiodi, Marie Le Garrec
Costumes Martine Some & Barbara Creutz-Pachiodi
Produit par Athénaïse (France) - Sophie Salbot
Co-produit par Abissia Productions (Burkina Faso) - Sékou Traouré
Contacts : +33 1 4294 2543 - +33 6 25020096 claude.colifilms@club-internet.fr
Avec Dorylia Calmel (Amy), Assita Ouedraogo (Mariam), Nathalie Richard (Esther), Blandine Yaméogo (Acita), Nadine Kambou Yéri (Kadiatou), Dominique Reymond (Marie), Djénéba Koné (Awa), Jérôme Sénélas (Elliot)
Faso,
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Couleurs, douleurs et lueurs familiales
Michel Amarger
journaliste critique pour RFI / Africiné
Le premier long-métrage de fiction de Sarah Bouyain a le ton grave des douleurs, et l’éclat des sentiments enfouis. Il entrouvre pudiquement les portes sur les fractures qui marquent les femmes. Les destins de trois d’entre-elles se cognent sans qu’elles en aient toujours conscience.
Mariam, une Africaine solitaire, se replie sur son travail de nettoyage pour une société de banlieue parisienne.
Amy, une jeune métisse de Paris, est tendue dans la quête de sa mère africaine disparue.
Acita, la tante burkinabé d’Amy, connaît le passé qu’on cherche à oublier.
Mais Amy, partie au Burkina, ne parle pas le dioula et ne peut communiquer avec Acita qu’avec l’aide sélective de Kadiatou, sa petite bonne.
Pendant que Mariam s’use dans sa vie de banlieue, juste éclairée par les cours de dioula qu’elle donne à Esther, une Française de l’entreprise où elle est employée, Amy se heurte à l’oubli, à la nuit, à la langue qu’elle ne parle pas.
Acita cherche à la récupérer comme la fille qu’elle n’a pas eue. Amy s’obstine dans la recherche d’une mère évaporée. Les espaces séparent,
les continents sont des frontières, le temps creuse les douleurs.
Amy tente de concilier les images de son père, un Blanc ancré en France, décédé l’année d’avant, et les contours sombres de cette mère africaine qu’elle a côtoyée dans les premiers moments d’enfance.
Peu à peu les rapports se précisent, entre les raccords parfois abrupts et les ellipses où l’imaginaire peut s’activer.
Notre étrangère vibre sans fracas de ces identités déliées, diffuses que la jeune héroïne essaie de détourer pour mieux les vivre. Les générations s’affrontent, les cultures se heurtent, les vies défilent. Amy veut prendre la sienne en main en reconnaissant ses origines.
Mariam laisse glisser la sienne dans l’ordinaire des jours et le manque de l’enfant arraché.
Le montage accentue les ruptures, les cadres fixent les mouvements. _ L’intensité des actrices est sur le fil. Dorylia Calmel, impitoyable dans Les Saignantes de Jean-Piere Bekolo, s’avance en métisse nerveuse. Assita Ouaedraogo, battante dans La promesse des frères Dardenne, intériorise les
sentiments expatriés. Blandine Yameogo, en déraison dans Delwende de Pierre Yameogo, nuance les failles.
Autour de ces femmes en crise, Nathalie Richard, Djénéba Koné évoluent en éclipsant les quelques hommes qui parsèment l’histoire. Car Notre étrangère est d’abord une affaire de femmes.
Femme écartelée, Sarah Bouyain, née en France d’un père burkinabé, a creusé ses racines métisses dans un documentaire sur sa grand-mère, Les enfants du Blanc, 2000, et un recueil de nouvelles, Métisse façon, 2003. En tournant une fiction dans la banlieue parisienne et à Bobo-Dioulasso, elle raccorde les espaces dans une même expression.
Sarah Bouyain questionne ainsi délicatement la filiation qui se tisse entre les femmes, entre les couleurs mélangées et suggère qu’on peut ouvrir son cœur au monde quand il est apaisé.