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Tunisiennes (Bent Familia)

Synopsis

Comment être une femme moderne dans un monde qui veut l’être mais qui ne l’est pas encore ? Comment être une femme arabe libre dans un monde où le seul projet qui compte pour une femme est le mariage, ce contrat social qui laisse peu de place à l’individu, à ses choix et à son épanouissement. Comment être une femme arabe ayant un projet de vie et s’entêter à le réaliser dans un univers où l’ordre de la famille est incontournable. Amina, Aïda et Fatiha sont trois femmes de 35 ans environ qui ont fait des études et qui ont découvert la liberté. Leurs trois projets de vie feront naufrage dans l’océan des hommes.

Thèmes : Statut des femmes , Société maghrebine

Réalisateur(s) : Bouzid, Nouri

Pays de production : Tunisie

Type : Long métrage

Genre : Fiction

Edition du festival : Maghreb des films octobre 2009

Titre original Bent Familia

Année 1997

Durée : 105’

Scénario : Nouri Bouzid
Photo :
Armand Marco
Son :
Hachemi Joulak et Patrick Colot
Musique :
Naseer Shama Ali
Décors :
Khaled Joulak
Montage :
Kahena Attia
Production :
Ahmed Bahaeddine Attia

Avec : Raouf Ben Amor, Amel Hedhili, Nadia Kaci, Leila Nassim, Kamel Touati...

Aïda et Amina se retrouvent après s’être perdues de vue pendant longtemps. Elles ont la trentaine et confrontent leur parcours respectif dans la vie. Elles sont décidées à reprendre en main leur destin sans tenir compte de la pression familiale et sociale. 

Amina se révolte contre l’indifférence de son mari à son égard et sur un coup de tête, quitte sa famille. Elle se réfugie chez Aïda, divorcée depuis quelques années, et qui subit, malgré son fort caractère, les brimades de son entourage.
Fatiha, quant à elle, a été obligée de s’exiler : elle vient d’Algérie après le massacre de sa famille et attend un visa vers l’Europe. Au cours d’une sortie à trois, Amina, Aïda et Fatiha vont exprimer ce qu’elles ont sur le cœur et elles pensent un instant être libres. Mais le sont-elles vraiment ?


Une image résume à elle seule l’ambiance suffocante, éprouvante, qui pèse sur les trois protagonistes du dernier Nouri Bouzid, un film presque insoutenablement émouvant. Amina, Aïda et Fetiha - trois amies, trois femmes ’modernes’, passionnées, qui luttent, chacune à leur manière, pour préserver leur liberté d’esprit dans une société semblant, à travers le mariage, décidée à les étouffer à petit feu - quittent la ville pour fuir un bref moment le poids de leur quotidien. Ensemble, elles se retrouvent dans la coquille vide d’une épave à la fois symbolique et réelle échouée sur la plage. Les vagues bouillonnantes viennent se casser dans une petite ouverture avant de refluer vers la mer, comme les passions refoulées de ces femmes vivant " au pays des hommes ", qui débordent par moment de façon violente ou confuse, avant d’être étouffées à nouveau, se perdant dans le fossé infranchissable qui semble séparer les hommes et les femmes. " Libre ? dit Fetiha. A chaque fois que je veux respirer, je me dis que ce n’est pas le moment ! "

En soulevant un coin de voile de la société maghrébine, Nouri Bouzid dénude sans complaisance les relations tendues, à vif, terriblement sensibles, et dénonce le non-dit, l’hypocrisie, les abus perpétrés au sein du mariage, et la défaillance des familles qui, guettent la moindre déviation de leurs filles contraintes à " se taire et à être patientes ".

A travers ces trois personnages superbement joués par Amel Hedhili, Nadia Kaci et Leila Nassim, Nouri Bouzid porte à l’écran des femmes qui, comme le dit l’une d’entre elles, choisissent la vie plutôt que le silence ou la mort que la société leur propose/impose, même si le prix à payer est terriblement lourd. Aïda, le personnage le plus chaleureux et généreux du film, dont la force de caractère soutient infailliblement ses ami(e)s, est effectivement inlassablement punie pour sa révolte...

Si d’un côté Bouzid, impitoyable, nous donne à peine une lueur d’espoir, il capte par contre avec une grande sensibilité l’intimité et la solidarité touchantes qui soudent ces femmes et leur permet de survivre, une intimité parfaitement évoquée dans de beaux plans serrés et le rythme contemplatif du film.

(Article de Melissa Thackway)