Année : 2015
Durée : 100’
Scénario : Rachid El Ouali, Hicham Lasri
Image Fadel Chouika
Son : Timoumes Mohamed
Montage : Kahena Attia
Musique : Sulee B Wax
Production : Claproduction, 2M Soread, Cantina TV
Avec : Rachid El Ouali, Yasmine Guerlach, Marc Samuel, Jamal Eddine Dkhissi, Afida Tahri, Rita Belkhadir, Meriem Zehari, Souad Amidou, Pierre Trapet, Hassan Foulan, Frédéric Graziani, Marie Lenoir, François Berlinghi, Jeremy Banster, Khadija Adli, Mahjoub Benmoussa, Abdo Nassib El Mesnaoui, Hicham El Ouali
Lors de mes déplacements à l’étranger, j’ai eu à fréquenter les Marocains « de l’extérieur », ceux de l’immigration. Beaucoup, parmi eux, s’accrochent à un Maroc « fantasmé ». Un Maroc qui n’a jamais existé sinon dans leurs propres structures mentales. Ce constat m’est apparu particulièrement flagrant lors de mon séjour en Corse, où j’ai découvert une « communauté » marocaine totalement repliée sur elle-même.
Au fil du temps, j’ai ressenti le désir et le besoin de réaliser ce premier long métrage qui traite de ces questions de l’identité. Un film qui, via la quête d’un individu, permet d’interpeller tout un chacun sur son propre itinéraire. Un film sur la construction de l’identité de l’être humain ; celle qui ne peut être achevée définitivement...Comment la forge-t-on ? Avec qui ? Avec quoi et comment ? Le film pose aussi la question de notre identité nationale. Qu’est-ce qu’être Marocain aujourd’hui ? Comment peut-on définir les contours de notre identité collective ? Comment s’enracine-t-elle dans notre passé ? Comment évolue t-elle ?
Toutefois, comme la quête d’identité est le fait de tous les peuples, l’histoire prend un caractère universel. C’est une approche de certains aspects de notre humanité que je prétends réaliser ! Autrement dit : la « Marocanité » comme miroir de « l’être au sein du monde ».
Cette histoire sur la quête initiatique de cet adulte tiraillé entre un père traditionaliste vivant au rythme des temps passés et d’un milieu professionnel qui le tire vers la modernité ne peut se raconter selon une méthode classique et simpliste. Le traitement scénaristique emprunte l’écriture du « road-movie ».
Entretien avec Rachid El Ouali
Pour votre premier long métrage, vous avez choisi le genre « road-movie ». Pourquoi ?
Le choix s’est imposé vu que l’histoire se déroule entre le Maroc et la Corse. C’est un long parcours avec plusieurs escales. L’histoire parle des Marocains, ceux d’ici et de l’étranger et tente aussi d’attirer l’attention sur la situation de la femme au Maroc. Car malgré ce qu’on voit dans les grandes villes, la femme souffre encore de l’exclusion sociale, de l’injustice, de l’inégalité...Je tente donc de confronter le spectateur à une autre réalité. Tous ces éléments ne pouvaient être racontés qu’à travers le road movie. Ce genre n’est pas ici l’apanage d’un cinéma pris au hasard, mais une nécessité absolue pour filmer et capter ce qui fait le profil du Marocain de l’intérieur et de cet autre Marocain établi à l’extérieur.
Pouvons-nous dire que « Ymma » est un film engagé ?
« YMMA » est un « road-movie » qui verse dans la réalité tout en gardant une part d’irréel. L’irréel qui est suggéré en permanence par ce symbole de l’œil qui apparaît et disparaît, dans ce monde factice auquel réfère la création publicitaire, la superficialité du monde professionnel et de ses masques, cette distance prise vis-à-vis de l’ancienne tradition par rapport au monde nouveau.
Racontez-nous comment s’est passé le tournage ?
L’histoire du film se déroulant entre deux pays, on a dû se déplacer énormément et faire appel à plus de moyens techniques que sur un tournage traditionnel. Mais, en gros, le tournage s’est bien déroulé. On a été bien soutenus en Corse. Les autorités ont même accepté de nous ouvrir les portes de l’hôtel Bonaparte pour les besoins de tournage. L’équipe était homogène et tout s’est bien passé. Je les en remercie