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Youcef ou la légende du septième dormant

Synopsis

Gravement blessé à la tête, Youcef a été interné dans un asile psychiatrique à la fin de la Guerre d’Algérie. Pour lui, le temps s’est arrêté en 1960 et il se croit toujours prisonnier de l’armée française. Il finit par s’évader et après une longue traversée du désert, découvre terrifié l’Algérie contemporaine.
Ses frères du FNL (le Front National de Libération algérien) ont sombré dans la corruption ou dans l’intégrisme religieux. Les colons français sont partis depuis longtemps, ayant laissé la place à un gouvernement plus insidieux encore. Youcef va dès lors se mettre en tête de faire sa propre révolution.

Thèmes : Guerre d’indépendance algérienne , Algérie

Réalisateur(s) : Chouikh, Mohamed

Pays de production : Algérie

Type : Long métrage

Genre : Drame , Fiction

Année : 1993

Durée :105’

Scénario : Mohamed Chouikh

Image : Allel Yahiaoui

Montage : Yamina Chouikh

Son : Rachid BOUAFFIA

Musique : Khaled BARKAT

Distribution : K Films

Avec Mohamed Ali Allalou, Youcef Benadouda, Mohamed Benguetaff et Daila Helilou.

Toujours en proie à la folie et à des hallucinations venant du passé, Youcef se croit toujours en guerre et communique avec son quartier général par l’entremise d’une vieille radio cassée qui ne lui répond que ce qu’il veut bien entendre. Errant dans son petit village d’antan tel un clochard, il va bientôt faire la rencontre de ses anciens compagnons d’arme qui semblent avoir oublié tout ce en quoi ils croyaient et les raisons pour lesquelles ils ont combattu, certains ayant prospéré et s’étant embourgeoisé dans leurs luxueuses villas, d’autres encore étant devenus d’importants patrons d’entreprises. A leurs yeux, Youcef n’est rien d’autre qu’un fou dangereux et aveugle menaçant leur quiétude et des valeurs nouvellement acquises.

Parmi ses anciens amis, Youcef croise un groupe d’intégristes religieux exposant ainsi les malheurs actuels de l’Algérie : « Ce qui pourrit notre société de l’intérieur c’est la femme libérée qui bafoue nos valeurs morales par son dévergondage et ses mœurs légères. » Des révolutionnaires d’un autre genre dont Youcef ne rejoindra pas la cause, le plus fou n’étant pas toujours forcément celui qu’on pense. Sa rencontre avec une femme rejetée du village constituera même son unique chance de réconfort et de salut. Comme toujours chez Mohamed Chouikh, on constate que la notion de femme libérée et le problème de la domination masculine jouent un rôle essentiel.

La légende chrétienne et musulmane des sept dormants d’Ephèse, raconte l’histoire de sept jeunes hommes contraints de se réfugier dans une caverne pour fuir les persécutions religieuses, et qui, après avoir sombré dans un profond sommeil ne se réveillent que plusieurs centaines d’années après. Ils sont considérés comme des saints dans les deux religions.

Le réalisateur dépeint donc l’Algérie de 1993 par l’entremise d’un fou, apparemment le seul à même de comprendre le pétrin et l’absurdité dans lequel son pays s’est enfoncé.
Un pays dans lequel il n’y a plus de politique : le socialisme est devenu capitalisme, le capitalisme est devenu intégrisme, le communisme est devenu libéralisme… seul l’argent n’a pas changé de religion ! L’Algérie a bien acquis son indépendance mais à quel prix ? Youcef a-t-il fait la révolution et connu les atrocités des conflits pour recevoir une carte de parti, pour que ses compagnons aujourd’hui entrepreneurs puissent exporter leurs vaches ? Tout ça pour ça ? Ce nouveau monde « évolué » est-il réellement celui pour lequel Youcef s’est battu ? Est-ce vraiment là l’indépendance ? Où donc est la grandeur qu’on lui avait promise et pour laquelle il s’est sacrifié ?

Tel un Rambo revenu du Vietnam vers un pays qu’il ne reconnaît plus, Youcef devra non seulement par les armes et la violence organiser sa propre révolution mais, pire encore, affronter avec des conséquences tragiques les préjugés et le manque de reconnaissance d’un pays au sein duquel le fier soldat qu’il est resté est devenu complètement obsolète.