Maameri, Keira
Née à Maameria en Algérie (“la ville de ceux qui portent mon nom”) durant les années 1980, Keira Maameri est la troisième d’une famille de sept enfants. Arrivée en France à l’âge d’un an avec son père, cariste, et sa mère, dame de cantine, elle vit une enfance “normale” emplie de livres (“la bibliothèque était en face de chez moi”) et de films (“le dimanche soir je me levais pour voir La Dernière séance à la télé”). Dans la ville “dortoir” de Longjumeau (91) où elle grandit, son avenir scolaire se joue à une rue : “le centre ville m’a donné un parcours atypique et un champ de possibilités”. Scolarisée dans la ville voisine, cette élève “attentive” avoue avoir aussi été “une vraie feignasse” qui n’aimait pas faire ses devoirs.
Lorsque sonne le moment fatal des choix d’études, Keira Maameri subit, comme tous les camarades de sa classe sociale, les affres de la désorientation. A 12 ans, rêvant d’être juge pour enfants, elle s’entend dire : “Non vous ne pourrez pas le faire”. Au lycée, pendant ses études littéraires, son envie d’être décoratrice d’intérieur, est balayé : “Oh mais vous ne pouvez pas, il faut être riche…”
Découvrant que la fac de cinéma Paris 8 à Saint-Denis (93) offre une option pratique, elle fait un sitting devant l’administration où l’on refuse de l’inscrire. “Je connais les étudiants, vous ne viendrez jamais, vous habitez trop loin”, énonce le Président de l’université, signant finalement son autorisation. En réponse, Keira Maameri décroche un Master et traverse tous les jours les trois départements (91-75-93) qui la séparent de la fac, même les week-ends. Après avoir travaillé dans la publicité (“pour rien au monde je n’y retournerai”), ce sont les ateliers en milieu scolaire qui financent ses projets.
C’est via le 7è Art qu’elle trouve le moyen de concrétiser sa démarche. Diplômée d’un DESS en cinéma, elle réalise au cours de ses études son premier film "A nos Absents". Ce dernier traite de la place des personnes disparues dans les textes de rap français. De cette première expérience réussie, elle tire les bénéfices d’un travail en recherche d’une introspection loin des clichés d’une médiatisation réduisant la dimension créatrice à l’unique manifestation de la crise des banlieues.