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Maghreb des Films 2015 : éditorial

Exergues

« J’ai dit : ’Moteur’. Une émotion m’a saisie.
Comme si, avec moi toutes les femmes de tous
les harems avaient chuchoté : ’moteur’. [...]
Qu’est-ce que ’tourner’ pour moi, sinon tenter
de regarder à chaque fois du premier regard,
d’écouter de la première écoute ? ’Tourner’,
c’est-à-dire fermer d’abord les yeux pour mieux
écouter dans le noir et alors seulement les rouvrir
pour la seconde papillotante de la naissance. »

Assia Djebar (Vaste est la prison, 1995)

« Je me trouve au milieu des survivants,
quelquefois l’instant d’un midi cru et blanc,
sur une avenue parisienne, parfois dans une ville
où j’ai débarqué deux heures avant, je parle ou
j’écoute, je regarde dans une lampée les visages,
les maisons, les façades en brique, le soleil
resplendissant – alors l’ultime plan séquence
déchire l’air dans un ralenti, son coupé, je me sens
soudain égarée au milieu des autres... »

Assia Djebar (Le Blanc de l’Algérie, 1995)

Editorial

Le cinéma est un révélateur des bouleversements à venir. 

En choisissant « La Règle du jeu », comme œuvre emblématique de sa passion cinéphile, notre ami Noureddine Sail vient à point, pour nous le rappeler.
Dans un article resté célèbre, paru dans le magazine « L’Express » du 3 octobre 1957, Françoise Giroud, inventant le vocable nouvelle vague, n’hésitait pas à affirmer que cet ample mouvement, non concerté, des jeunes turcs du cinéma français annonçait un cinéma nouveau, mais aussi, et surtout, une société nouvelle.
La future ministre de la Culture ne s’y était pas trompée et il advint ce que nous savons.
Le Maghreb bouge.
Le cinéma maghrébin est-il, pour autant, à l’orée de son aggiornamento, manifestant, tout à la fois, volonté de changement, d’ouverture et de modernité ?
Il est une chose certaine. A y regarder de plus près dans la sélection du Maghreb des Films 2015, cette jeunesse que nous invoquions l’an dernier est bel et bien au rendez-vous de son histoire.
Elle aussi « pousse » pour exister.
Elle aussi tourne le dos aux standards classiques de la narration, pour substituer aux logiques oppressives du récit, des formes libres, simples, parfois iconoclastes, souvent revisitées.
A l’image de notre chère Nouvelle vague, qui commence désormais par une majuscule, le matériau et l’inspiration documentaires sont largement sollicités et nourrissent avec un talent certain l’imagination du cinéaste et l’imaginaire du spectateur.

Ainsi en est-t-il de Leyla Bouzid, de Lamine Ammar Khodja, de Hassen Ferhani, de Hicham Lasri et de nombreux autres…
Hier, aujourd’hui, demain, c’est-à-dire tout de suite, sont les marqueurs de leur inspiration et de leurs préoccupations d’artistes.
Par un heureux effet de ce que nous pouvons (presque) qualifier de hasard, ils cohabitent cette année avec des aînés qui ont osé et dont l’héritage fait trace.
Assia Djebar, comme Ahmed Bouanani, Tahar Cheriaa ou Noureddine Sail ont osé, comme il est du devoir des artistes et des créateurs de le faire.
La responsabilité de ceux-là, justement, n’est pas de nous endormir sous les oripeaux convenus et rassurants du beau et du bon, estampillés « œuvre d’art », connus, reconnus et reconnaissables, mais d’éveiller en nous les délices de l’intranquillité que procurent les émotions nouvelles.


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