Prenant, Franssou (Françoise)
Françoise Prenant est l’un des foyers secrets de la cinématographie d’auteur en France. Réalisatrice, scénariste, monteuse, actrice, opératrice, muse, elle s’ébat aussi bien devant que derrière une caméra ; aussi bien dans ses rôles chez autrui (Jacques Kebadian, Raymond Depardon, Romain Goupil...) que dans ses propres autoportraits à contre-jour, reflets allégoriques ou mises bord-cadre. [...] Sa cause motrice, la liberté inconditionnelle, commence par s’affirmer dans le champ des sexualités (Paradis perdu, 1975, Habibi, 1983), puis se déploie sur trois continents (Europe, Afrique, Asie) avec une prédilection manifeste pour ce que la génération précédente avait nommé « Tiers Monde », dont elle recueille les éclats et soubresauts une fois les empires écroulés. Guinée, Syrie, Liban, Algérie, sous ses yeux insatiables scintillent les océans, s’engouffrent les visages et les fantômes, advient le prodige des rencontres : même cadré par ces innombrables fenêtres que les films prennent soin de mettre en évidence, le monde entier semble sans frontières, un royaume cinétique où les habitants se relèvent d’une catastrophe en s’ébrouant pour dissiper la mélancolie. [...] Fictions comme documentaires, les films de Franssou Prenant exposent des fables de la vision, d’une vision qui embrasse au même titre le passé et l’immédiat. [...]