Journal du Maghreb des films 2012
Aujourd’hui, dimanche 15 avril
A 14h :
« Les Anneaux d’or » de René Vautier (1956 – 14’)
Au moment de l’indépendance, les propriétaires de gros bateaux décident de vendre, alors que beaucoup de petits pêcheurs se retrouvent bientôt sans travail. Leurs femmes décident alors de mettre en commun leurs anneaux d’or pour les vendre et ainsi racheter des bateaux.
« Et le mot frère et le mot camarade » de René Vautier (1985 – 47’)
Peut-on écrire l’histoire en poèmes ? C’est ce qu’a tenté René Vautier, à la demande du Musée de la Résistance Nationale, avec l’aide de grands poètes (Aragon, Eluard, Desnos).
Et aussi en s’appuyant sur des poèmes écrits dans les prisons et les camps de déportation, des poèmes de fusillés.
A 15h20 :
« Vous avez dit Français ? » de René Vautier (1986 – 45’)
Une autre histoire de France, celle des vagues d’immigration successives et la façon dont elles se sont plus ou moins intégrées dans le supposé creuset national, ce qui permet une réflexion informée sur la notion d’identité collective.
A 17h30 :
« La Folle de Toujane » de Nicole Le Garrec et René Vautier (1973 - 150’)
Les itinéraires de deux amis d’enfance, Roger, instituteur, et Gwen, animatrice de radio. Le premier est en Tunisie pour « propager » la culture française. Il assiste aux indépendances tunisienne et algérienne tandis que son amie mène une vie monotone à Paris.
A la fois une histoire d’amour : deux jeunes qui se plaisent, s’aiment et vieillissent séparément parce que la vie, le boulot, les autres, les séparent et les rendent différents.
Et une histoire politique : une fille qui accepte de s’intégrer dans un système et un gars qui refuse jusqu’à en crever.
Et aussi une histoire de peuples qui se réveillent, qui se retrouvent, au besoin en faisant craquer un système.
Débat avec Marie Chominot
Pour en savoir plus aller sur la page Le Maghreb des films 2012 : les films
Hier, samedi 14 avril
Le regard de Marion MPasquier
Avoir vingt ans dans les Aurès, mourir dans les Aurès. Tel est le destin de Noël, membre d’un contingent d’appelés bretons insoumis et pacifistes que le lieutenant Perrin (Philippe Léotard) aura réussi à engager malgré eux dans l’horreur de la guerre. Noël était le seul à n’avoir jamais utilisé son arme, le seul à être allé au bout de ses convictions en libérant un prisonnier algérien promis à la "corvée de bois" et en désertant avec lui dans le désert des Aurès. Il mourra tragiquement et sa mort sera opportunément utilisée par son lieutenant pour appeler ses hommes à la vengeance contre les algériens. A une mort reçue, une mort rendue.
C’est en leur faisant assimiler ce principe que les dirigeants des appelés ont amené ces derniers à devenir des tueurs. "Au début on tire n’importe où parce qu’on a la trouille, après on vise parce que l’on y prend goût" raconte l’un d’eux. Par le biais du récit d’un soldat instituteur blessé, Avoir vingt ans dans les Aurès nous montre le mécanisme conduisant des insoumis à devenir des exécutants dociles. En exergue du film, René Vautier explique par des cartons que sa fiction résulte d’une enquête menée sur des centaines de soldats, que tous les faits pourraient être confirmés par au moins 5 personnes. La fiction prend bien valeur de document.
Dans certaines séquences, on sent un basculement vers la chronique : lorsque les soldats racontent face caméra, ou lorsque cette dernière, en mouvement, prend le temps de décrire les êtres à l’écran, les appelés portés par l’énergie du groupe ou, dans un très beau moment, la famille d’algériens accueillant Noël dans leur tente et s’occupant de lui. Le récit, alors, fait une pause, pour nous permettre de contempler les personnages, de nous approcher d’eux.
Avec ce film, René Vautier pose un acte antimilitariste efficace. Via un récit scandé par des chansons disant l’ignominie du combat ("fous pas / ton pied dans cette merde / c’est une vraie histoire de fous"), il démontre le mécanisme effrayant par lequel tout pacifiste peut se transformer en machine à tuer, happé par la violence de la guerre.