Vous êtes ici : Accueil » Films » Les films par ordre alphabétique » D » DémoKratia

DémoKratia

Synopsis

Face au peloton d’exécution, un chef d’État attend la mort. Tandis que les soldats épaulent leurs fusils, l’homme se souvient… de son absence de scrupules et d’humanité, de la lâcheté de son entourage et de sa relation avec la démocratie. Entre mémoire et imaginaire, l’homme reste maître jusqu’au-delà de sa mort, face aux officiants de la macabre cérémonie.
Dans quelques instants, les balles traverseront sa poitrine et il sourit…
Étrange itinéraire d’un dictateur qui court à sa perte pour avoir été confronté à un dilemme terriblement humain : la démocratie.
Une fable sur la machinerie de la dictature, de la démocratie et du pouvoir absolu.

Réalisateur(s) : Bensmaïl, Malek

Pays de production : Algérie

Type : Court métrage

Genre : Fiction

Edition du festival : Maghreb des films novembre 2010

Année 2001 / 17’

Scénario Malek Bensmaïl

Image Lionel van Kerguistel

Son  : David Rosanis

Monteur Matthieu Bretaud

Musique Phil Marbœuf et le trio Contempo

Production Les Films Jack Febus et l’ICAV

Avec Louis Beyler, Keen de Kermadec, Faouzi B.Saïchi, Bernard Douzenel, Alain St Lary, Georges Baillon, Malik.

Disponible en DVD dans le coffret des principaux films de Malek Bensmaïl

Lors de l’édition 2010 du Maghreb des films, un hommage spécial a été rendu à Malek Bensmaïl en projetant l’intégralité de ses films.

Des Vacances malgré tout (2000 / 1h08), Dêmokratia (Fiction / 2001 / 17’), Aliénations (2004 / 1h45), Le Grand Jeu (2005 / 1h29), La Chine est encore loin (2008 / 1h58), Conversation entre Malek Bensmaïl et Jean -Philippe Tessé (2011 /37’)

Téléchargez le flyer de présentation du coffret

A propos…
Double jeu, habileté, mensonge et violence : la dictature s’établit sur des bases solides.
Le personnage est tout à la fois là et déjà absent, comme étranger à sa propre fin, dictateur dans son territoire qui devient un labyrinthe. Sans doute ressassait-il cet incroyable épilogue : des années de pouvoir absolu, de cruauté, de corruption et de séduction pour modeler un pays docile à la dimension de ses caprices.
Combien de personnes à travers le monde, en plusieurs années de dictature, ont subi ce déchaînement de violence poussé jusqu’au rituel du bain de sang.
Au temps de leur splendeur, les dictateurs auront perdu jusqu’à la perception de leur pays et de leur peuple, chaque jour plus retranchés, confinés dans le luxe aveugle de leur palais. Leur chute est à la mesure de leur cynisme brutal : la fatigue du pouvoir, la seule qu’ils n’avaient pas songé à acheter…
Cette fin de siècle aura été marquée par la chute des dictatures. La liste est longue : Suharto, Ferdinand Marcos, Mobutu See Seko, Anastasio Somosa... La liste de ces despotes pas très éclairés, qui ont connu un long passage au pouvoir, la gloire, la puissance et l’argent, mais aussi une chute brutale…
Les dictateurs morts de vieillesse alors qu’ils tenaient fermement le pouvoir, tels que Franco en Espagne, ou Kim II-Sung en Corée du Nord, sont moins nombreux.
Au cours de ce quart de siècle les dicateurs ont été chassés soit par la rue (Marcos, aux Philippines, Nicolae Ceausecu en Roumanie, le Chah d’Iran…), soit par la force armée (Somoza, Caetano au Portugal, Mobutu…), soit par des interventions extérieures (Bokassa en Centrafrique, Idi Amin Dada en Ouganda, Noriega au Panama, Pol Pot au Cambodge…).
La chute du mur de Berlin, la mort de la plupart des régimes communistes et la fin de la guerre froide ont accéléré le mouvement ; les enjeux sont redevenus locaux et ne sont plus forcément perçus comme manipulés par "l’autre".
Progressivement des pans entiers de la planète se sont débarassés de leurs dictateurs.
Si l’on peut se réjouir de leur chute, ces dinosaures politiques ont régné trop longtemps avec le soutien, en général, d’un "parrain" puissant, leur disparition n’est pas le signe d’une grande avancée démocratique.
Soit qu’un obscurantiste remplace un dictateur (Kaboul, Téhéran...), soit qu’un vrai despote succède à un autre (Congo-Zaïre) ou encore que le chaos prenne corps sur les décombres de la tyranie (Somalie).
Dans DémoKratia, il n’y a pas véritablement d’ennemis, ni d’opposition frontale mais une histoire qui se ferme en boucle, tourne sur elle même sans pouvoir s’arrêter. Et cela doit évoquer une arène, un cirque, une farce ; c’est à la fois grotesque et tragique.

DémoKratia est une histoire de circulation, d’injections et de greffes entre le cinéma et la représentation du pouvoir.
Le premier mouvement du film est ce moment où la représentation (la mise à mort d’un dictateur) se fait happer par la mémoire, celle-ci étant entendue comme la conjoncture dans laquelle s’inscrit le film : l’identité. Le deuxième mouvement est la figure inversée du premier : il s’agit d’apporter la vie ou la liberté (ou ce qu’il en reste) dans la représentation.
Ce film démontre que la chute d’un dictateur est une condition nécessaire mais pas suffisante pour arriver à la démocratie, qui reste l’apanage d’une minorité d’habitants de cette planète.