Journal du Maghreb des films 2012
Aujourd’hui, vendredi 13 avril
A 19h30 :
« Déjà le sang de mai ensemençait novembre » de René Vautier (70’)
La vérité sur un certain nombre d’évènements historiques, qui sont, soit escamotés du récit que la France a fait de la colonisation de l’Algérie, soit relatés à travers encore une fois le regard triomphant du colonisateur.
Il s’agit de témoignages rares de personnalités connues, comme l’écrivain Kateb Yacine, ou de simples algériens qui s’expriment sur l’histoire commune de l’Algérie et de la France du temps de la colonisation.
A 21h :
« René Vautier, le rebelle » de Nasserdine Guenifi (25’)
Lors d’une conférence organisée à Paris en avril 2000 sur le cinéma engagé, René Vautier, cinéaste militant connu, raconte ses débuts de résistant au fascisme puis de cinéaste.
« Un peuple en marche » de René Vautier et Ahmed Rachedi (45’)
_ Un bilan de la guerre d’Algérie en retraçant l’histoire de l’ALN et en montrant l’effort populaire de reconstruction du pays, après l’indépendance.
Des espoirs nourris de socialisme. Une Algérie nouvelle, libérée du joug du colonisateur, en marche vers l’avenir et la reconstruction ?
« Techniquement si simple » de René Vautier (18’)
Le « froideur » d’un technicien coopérant se remémorant son "travail technique" lorsque, durant le conflit algérien, il installait des mines qui tuent encore de nombreux civils !
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Demain, samedi 14 avril
A 15h :
« La Montagne de Baya » de Azzedine Meddour (1997 - 106’)
Film magnifique amazigh
En Kabylie, au début du siècle, un village entier doit fuir l’oppression française. Une femme, Baya, refuse l’affront d’une coutume : un seigneur féodal, meurtrier de son mari, lui offre une bourse de Louis d’or, la ddiya, le prix du sang versé.
Présentation en présence de René Vautier (sous réserve)
A 18h :
« L’Aube des damnés » de Ahmed Rachedi (1965 – 100’)
Après l’Indépendance, un groupe de jeunes Algériens cherchent dans les livres, les musées, le passé des peuples colonisés de l’Afrique et de l’Asie.
Œuvre ambitieuse, elle était l’hommage de l’Algérie libérée à tous ceux qui luttent contre le colonialisme et l’oppression.
Tout le souffle épique et tout l’enthousiasme provoqué par l’indépendance de l’Algérie est contenu dans les mots et les images de ce film.
Présentation en présence de René Vautier (sous réserve) et de Ahmed Rachedi
A 20h :
« Avoir vint ans dans les Aurès » de René Vautier (1972 – 97’)
Le 21 avril 1961, dans le massif des Aurès (Sud algérien), un commando de l’armée française formé d’appelés bretons affronte un groupe de l’Armée de libération nationale lors d’une embuscade. Les soldats parviennent à faire prisonnier deux fellaghas, dont une femme, et à trouver refuge dans une grotte.
Un soldat français blessé au cours de l’accrochage, instituteur dans le civil se remémore la façon dont leur chef a su les transformer, de jeunes Bretons antimilitaristes qu’ils étaient, en redoutables chasseurs de fellaghas, prêts à tuer et y prenant goût. Tous se sont mis à piller, tuer et violer.
Une plongée dans les contradictions de la guerre d’Algérie autant que dans celles de l’âme humaine.
Présentation en présence de René Vautier (sous réserve)
A 22h :
« Le Vent des Aurès » de Lakhdar Hamina (1966 – 90’)
Film mythique des premières années du cinéma algérien
Dans une Algérie colonisée par la France, au fin fond de la campagne (les Aurès), une mère cherche désespérément son fils raflé par l’armée française et incarcéré depuis plusieurs semaines dans un camp.
Avec courage, elle défie les soldats français pour le trouver, allant d’un camp à l’autre
Présentation en présence de Lakhdar Hamina
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Hier, jeudi12 avril
Commentaires :
3 courts métrages pour commencer la soirée avec un débat avec Gilles Manceron et Marie Chominot.
Intéressant de mettre côte à côte « Le Voyage de Maurice Thorez », film de propagande communiste, « Autour du drame algérien », film de propagande de l’armée française et « Algérie en Flammes », film tourné dans les maquis et film engagé !
Le premier est étrange : certes le réalisateur nous montre la misère des « musulmans » en Algérie, mais la tournée a un côté « voyage touristique », avec la visite des ruines romaines près de Tébessa et une promenade sur les dunes du désert. Et pas une seule fois le mot « colonialisme » n’est prononcé (mais existait-il à cette époque ?). Dans l’esprit de 36, c’est l’union des races (arabes, juifs et européens, si tant est que ce sont des races), la coopération entre les religions, qui sont prônées pour répondre à cette misère. Bizarrerie : pas une seule fois nous sont donnés à entendre des extraits de discours de Maurice Thorez, mais à chaque meeting à Oran, Constantine, Alger, etc., de longs plans sur des salles combles.
Le deuxième est conforme à ce que l’on attend : grandeur des réalisations françaises en Algérie ! des ponts, des barrages, des routes, des écoles, mais celles créées dans le cadre des SAS de l’armée, etc.
Quant à « Algérie en flammes », le premier documentaire (ou le deuxième après un documentaire réalisé dans l’ouest par deux Américains) tourné dans les maquis. Il restitue les conditions de vie au maquis, les relations avec la population, le lien à l’époque avec la Tunisie (avant la ligne Morice). On y voit des femmes djounoud, une image 100 fois diffusée, l’attentat contre le train des mines de l’Ouenza, mais aussi une image insolite que le FLN a voulu supprimer, des djounoud qui pleurent lors de l’enterrement de l’un des leurs.
Certes un regard exercé devine qu’il y a une part de mise en scène (les djounoud portent des casques, ce qui n’est jamais arrivé dans le maquis), mais la mode est maintenant aux « docu fiction ». Et l’émotion est là !
Bref un programme, ainsi que le débat qui a suivi, passionnants
2ème partie du programme avec trois films, « J’ai 8 ans » de Yann Le Masson, « A propos de l’autre détail » de René Vautier et « René Vautier, l’homme de la paix » de Ahcène Osmani
La guerre sanglante que mène la France contre les civils vue par les dessins d’enfant : 8 minutes poignantes du film de Yann Le Masson, sur une idée de René Vautier
La torture, un « système » et non des bavures, système jamais avoué. Long témoignage rapporté dans « A propos d’un autre détail », d’un Algérien torturé par le lieutenant Le Pen, témoignage émouvant bien sûr, mais encore plus par le fait qu’il avoue n’avoir pu tenir jusqu’au bout.
Le troisième film passe en revue la vie engagée de René Vautier. Il comprend deux épisodes, mais , faute de temps, seule le 2ème a été présenté.
Il commence avec le récit et les raisons probables de l’emprisonnement de René Vautier en Tunisie.
Incroyable Vautier ! Mis dans une prison algérienne en territoire tunisien, il réclame un procès et annonce que si celui-ci ne se tient pas avant telle date il s’évadera tel jour. Et il le fait, mais libre en Tunisie, il retourne à sa prison parce que ce qu’il veut, c’est que soit reconnue son innocence. C’est insupportable pour les autorités qui le mettent sous la torture. Et c’est une grève de la faim des autres détenus (Algériens) qui fait céder les autorités. Vautier part blanchi et peut continuer son métier de cinéaste, créer pour le FLN le premier service audiovisuel, etc. Mais une question : pourquoi attendre si longtemps pour rendre public ce récit, qui montre, hélas, les dérives dans lesquelles déjà s’engage le FLN ?
Mais pourquoi 25 mois de prison ? sans doute à cause de ses liens avec Abane Rabane, qui fut assassiné à cette époque, et afin que soit dissimulé le fait que « Algérie en flammes », projeté à l’ONU, est réalisé par un Français … communiste !
Bien d’autres aspects de sa vie sont abordés. J’ai retenu une question : pourquoi aucun réalisateur français, y compris les grahnds, Godart, Truffaut, etc., n’a réalisé une fiction sur la guerre d’Algérie. Le premier fut « Avoir 20 ans dans les Aurès » qui sera projeté samedi 14 avril.