Du mercredi 11 au dimanche 15 avril, aux 3 Luxembourg, 19 films en hommage à René Vautier
« J’ai toujours considéré une caméra comme une arme de témoignage. Mais ce n’est pas une arme qui tue. Au contraire, ça peut être un instrument de paix. C’est pour cela que je me suis bagarré pendant cinquante ans pour qu’il y ait des dialogues d’images, et tous les films que j’ai faits, je considère que ce sont des dialogues d’images. Le réalisateur prend parti. Il s’engage d’un côté, mais il donne aussi la parole aux gens d’en face. »
René Vautier
Concevoir une commémoration cinématographique du 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie ne peut se comprendre et n’a de sens qu’en commençant par rendre hommage à René Vautier.
Résistant à 15 ans, militant anticolonialiste à 22 (« Afrique 50 »), René Vautier ne peut qu’épouser la cause et la lutte du peuple algérien. Ce qui l’amènera à rejoindre dès 1957 Tunis, siège du GPRA. A la demande de M’Hamed Yazid, ministre de l’information, il y constitue alors le Service Cinéma, première étape dans l’organisation d’une cinématographie algérienne. C’est avec René Vautier que naît véritablement le cinéma algérien.
L’action militante de René Vautier se prolonge, aux premiers jours de l’indépendance, par la création du CAV (Centre Audiovisuel précédant le Centre National du Cinéma, fondé, lui, en 1964) qui produira les premiers films de l’Algérie indépendante : « Un peuple en marche » et « Des mains comme des oiseaux ».
Ainsi, de 1957 à 1964, René Vautier a-t-il, consécutivement, conçu un cinéma national, puis formé ceux qui lui ont donné ses premières lettres de noblesse et qui reconnaissent en lui le père fondateur du cinéma algérien.
D’autres luttes, sur d’autres fronts, mobiliseront ensuite le talent de cinéaste de René Vautier (l’identité bretonne, la cause des femmes, la pollution, les luttes sociales, le racisme anti immigrés, etc.),
L’idée générale est de mettre René Vautier en situation d’invité et de puissance invitante, à la fois, afin de donner à cette semaine de rencontres et de débat, un caractère familier, en dépit du sérieux des sujets qui seront abordés avec les différents participants.
Les films
Les films de René Vautier
Afrique 50 - 1950 - 17’ : premier film anticolonialiste
Les Anneaux d’or - 1956 - 14’ : des femmes de pêcheurs décident de mettre en commun leurs anneaux d’or pour les vendre et ainsi racheter des bateaux
Algérie en flammes - 1957 - 25’ : La conquête de l’Algérie par la France en 1830
Un peuple en marche – Film collectif - 1963 - 45’ : un bilan de la guerre d’Algérie en retraçant l’histoire de l’ALN, l’effort populaire de reconstruction du pays, après l’indépendance
Avoir 20 ans dans les Aurès - 1972 - 97’ : Le 21 avril 1961, dans le massif des Aurès (Sud algérien), un commando de l’armée française formé d’appelés bretons affronte un groupe de l’Armée de libération nationale lors d’une embuscade … Une plongée dans les contradictions de la guerre d’Algérie autant que dans celles de l’âme humaine.
La Folle de Toujane - 1974 - 130’ : Les itinéraires de deux amis d’enfance, Roger, instituteur, et Gwen, animatrice de radio.
Le premier est en Tunisie pour « propager » la culture française.
Techniquement si simple – 1982 – 18’ : Un technicien coopérant se remémore son "travail technique" lorsque, durant le conflit algérien, il installait des mines qui tuent encore de nombreux civils.
A propos de l’autre point de détail - 1985 - 45’ : Témoignages à propos de la torture pendant la guerre d’Algérie d’Algériens (certains ont été torturées par Jean-Marie Le Pen) et de Français (Vidal-Naquet, Général de Bollardière, Paul Teitgen, Germaine Tillon ...).
Vous avez dit : Français ? (avec Claude Manceron) - 1986 - 120’ : une autre histoire de France, celle des vagues d’immigration successives
Déjà le sang de Mai ensemençait Novembre - 1987 - 70’ : Témoignages rares de personnalités connues, comme l’écrivain Kateb Yacine, ou de simples algériens qui s’expriment sur l’histoire commune de l’Algérie et de la France du temps de la colonisation
Et le mot frère et le mot camarade - 1998 - 50’ : Peut-on écrire l’histoire en poèmes ? C’est ce qu’a tenté René Vautier, à la demande du Musée de la Résistance Nationale, avec l’aide de grands poètes (Aragon, Eluard, Desnos)
Films sur René Vautier
Algérie tours détours - Leïla Morouche, Oriane Brun-Moschetti - 2007 - 114’ : Nous partons en Algérie en compagnie de René Vautier, cinéaste militant, considéré là-bas comme le papa du cinéma algérien.
Son regard se conjugue à ceux de différents professionnels du cinéma, d’hier et d’aujourd’hui, et de divers spectateurs.
René Vautier le Rebelle - Nasr-Eddin Guenifi - 2000 - 25’ : Lors d’une conférence organisée à Paris en avril 2000, René Vautier expose, avec sa verve habituelle, sa conception du cinéma militant..
L’homme de la paix : Entretien R. Vautier et Azzedine Meddour) - 1999 - 135’ : Hommage au cinéaste français “engagé“ René Vautier pour ses soixante-dix ans, réalisé dans le cadre de la série de documentaires
Des hommes, une révolution, autour de nombreuses personnalités qui ont marqué de leur empreinte les parcours révolutionnaires des peuples et de leurs engagements contre toutes les oppressions.
Films choisis par René Vautier
J’ai huit ans - Le Masson Yann, Olga Baïdar-Poliakoff - 1961 - 8’ : Ce court métrage, tourné clandestinement pendant la guerre d’Algérie, est réalisé à partir de dessins d’enfants algériens recueillis en 1961 dans un camp de réfugiés en Tunisie.
L’Aube des damnés - Rachedi Ahmed - 1965 - 100’ : Après l’Indépendance, un groupe de jeunes Algériens cherchent dans les livres, les musées, le passé des peuples colonisés de l’Afrique et de l’Asie.
Le Vent des Aurès - Lakhdar Hamina Mohammed - 1966 - 90’ : Dans une Algérie colonisée par la France, au fin fond de la campagne (les Aurès), une mère cherche désespérément son fils raflé par l’armée française et incarcéré depuis plusieurs semaines
La Montagne de Baya - Meddour Azzedine - 1997 - 106’ : En Kabylie, au début du siècle, un village entier doit fuir l’oppression française. Une femme, Baya, refuse l’affront d’une coutume
Divers
Le Voyage de Maurice Thorez en Algérie - 1939 - 12’ : Visite et meetings de Maurice Thorez en Algérie, du 28 janvier au 12 février 1939.
Ses étapes successives à Oran, Perregaux, Constantine, Souk Ahras et Tebessa, Bône, Bou Saâda et Alger, puis départ vers Marseille à bord du "Ville d’Alger".
Autour du drame algérien – 1958 – 14’ : Les « événements algériens » du point de vue des autorités françaises !
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